L'auto en plein virage écolo

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Publié le: 14/10/2008 - Mis à jour le: 03/10/2023
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Le Salon de l'automobile, ouvert sous l'orage d'une crise mondiale très pénalisante, s'annonce comme celui d'une évidente rupture, sinon d'une vraie révolution copernicienne. Car le monde de l'auto, sans même préjuger des dégâts d'une conjoncture commerciale déplorable, vient de subir un triple choc aux effets incalculables.

D'abord, la fin programmée d'un pétrole qui défend chèrement sa peau en le faisant payer au consommateur. Ensuite, la prise de conscience du réchauffement climatique en même temps que la montée en régime des contraintes environnementales. Enfin - et on ne le note pas assez - l'émergence d'une réelle mondialisation du secteur via les pays émergents, Chine en tête. Ces trois moteurs constituent les facteurs d'un changement radical, chez les constructeurs et les clients.

La recomposition du paysage automobile mondial est à nouveau en marche avant. Pour avoir roulé trop longtemps à contre-courant des attentes des clients, les géants américains General Motors et Ford, qui tenaient le haut du pavé depuis des décennies, ont frôlé le précipice. Ils ont été sauvés, in extremis, dans un réflexe de soutien protectionniste dont les libéraux américains ont le secret. Mais ont-ils retenu la leçon ? Ont-ils le bon logiciel pour retrouver la route du consommateur ?

On pourrait donc assister à un chambardement de la hiérarchie mondiale, avec une poussée probable des groupes chinois et indiens. Ils ont le capital nécessaire, ils ont d'énormes marchés domestiques sur lesquels s'appuyer, ils ont aussi l'appétit de conquête.

Paradoxalement, les constructeurs français, encore en bonne santé financière et bien positionnés sur la petite voiture propre et économe qui fait actuellement le marché, ont une belle carte à jouer. Mais leurs salariés et l'opinion accepteront-ils d'en payer le prix fort ? Celui du déclin accéléré de la production en France, c'est-à-dire d'une délocalisation vers les pays émergents qui n'ose toujours pas dire son nom ? Même Nicolas Sarkozy semble en douter.

Côté gamme, c'est clair, on est en plein virage écolo. Hier, on vantait la sportivité, les taux de pénétration dans l'air des véhicules. Aujourd'hui le marketing s'accroche au fameux taux de réduction de la pollution, le CO2 au kilomètre. Arrière, les grosses berlines chères et polluantes, place aux « minis » peu gourmandes.

Entre contraintes du pouvoir d'achat et exigences environnementales, l'avenir trace sa route avec des voitures compactes, allégées, simples, fonctionnelles. Et c'est définitivement une certitude, l'avenir sera électrique ou ne sera pas. Il y a dix ans, les constructeurs peignaient quelques voitures en vert pour paraître écolos. Désormais, ils commencent à fabriquer de vraies voitures vertes, pour être écolos. Mais, attention, ne roulons pas plus vite que le progrès. La voiture électrique et sa version intermédiaire - l'hybride - a encore beaucoup à faire, en autonomie, fiabilité, facilité d'usage... avant de rouler sa mécanique sur le marché.

Et puis le client, lui aussi, est en train de bougrement changer de comportement. La secte des inconditionnels du volant perd des croyants. Le symbole du statut et de la réussite sociale qu'a longtemps incarné l'automobile se dissipe. La relation à la voiture se mue en une adhésion plus citoyenne, plus utilitaire, plus prosaïque. Les Français sont moins accros à la bagnole, à sa propriété, à son utilisation forcenée. La moitié d'entre eux, assure un sondage récent, rêvent de s'en passer, c'est dire.

L'auto faisait rêver, elle ne fait plus que transporter. Elle s'était sophistiquée outrancièrement. Elle retrouve simplicité et même rusticité. Elle était arrogante, elle se fait modeste. Bref, les constructeurs ont compris que, face à l'acheteur un peu bougon du moment, l'autodépendance, c'était un peu dépassé. Que l'avenir c'était l'autopartage ?

Source : Ouest-France - Paul BUREL


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