La Jaguar F-Type quatre-cylindres, une GT docile

Jusqu’à présent, la F-Type n’était vendue qu’avec un V6 de 340 ou 380 chevaux et un V8 pouvant développer jusqu’à 575 chevaux. Cela limitait le potentiel d’acheteurs alors que la marque suscite toujours un extrême engouement. Depuis que Porsche a ouvert les hostilités en remplaçant le flat-six du couple Boxster-Cayman par un 4-cylindres turbocompressé délivrant 300 ch en version 2 litres, il suffisait au groupe anglais de sortir l’idée du tiroir.

Une petite révolution chez Jaguar puisque c’est la première fois qu’un tel bloc était monté dans l’une de ses sportives. Ainsi équipée, la Jaguar F-Type peut maintenant s’attaquer aux petites sportives (18 000 € séparent ce 2 litres de la version V6 340 ch) que sont les Alpine A110 (1.8 quatre cylindres de 252 ch), Audi TTS et Porsche 718 Cayman.

Elle conserve son tempérament

Après les berlines XE et XF, c’est au tour de la sportive F-Type d’adopter le 2.0 turbo Ingenium. Suralimenté par un turbo « Twin Scroll », il développe ici la coquette puissance de 300 chevaux et un couple non moins copieux de 400 Nm. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la perte de deux cylindres n’est pas forcément une régression, dès lors que la consommation est abaissée de 15% (7,2 l/100 km) par rapport au V6 de 340 ch, sans que les performances (0 à 100 km/h en 5’’7) s’en trouvent altérées.

Pas de doute, elle conserve bien conserve son tempérament de GT sachant que ce type d’auto est plus dédiée au plaisir qu’à la vitesse pure. Confortable, performante et plaisante, cette F-Type 2,0 litres se révèle des plus convaincantes bien qu’elle n’est disponible qu’avec la boîte automatique à 8 rapports. La montée de rapports en charge s’effectue avec brio. Il n’y a pas de retard entre l’action sur les palettes et l’exécution ni lors des rétrogradages appuyés.

Agilité et équilibre

On se plaît d’autant plus à profiter de son caractère qu’en passant au 4-cylindres, le coupé F-Type a perdu 52 kilos, dont une grande partie sur le train avant. Cet allégement fait une formidable différence sur la route. Assez de bla bla, en route. Une pression sur le bouton du démarreur fait s’ébrouer le 4 cylindres. Les mélomanes avaient quelques logiques raisons de craindre une musique sans bande-son ! Et bien non. Le moteur gronde à l’accélération. De l’échappement sport, facturé 245 euros, sort un feulement rauque alors que les décélérations provoquent une pétarade au changement de vitesse.

Avec un couple qui culmine à 400 Nm dès 1 500 tr/min, relancer ce coupé pour effectuer un dépassement n’a rien d’une sinécure. Cette Jaguar disposant de réglages de châssis revus, pour s’adapter à la nouvelle répartition des masses, gagne en agilité et en équilibre. Une formidable voiture à avaler les longues courbes. Notre sportive se montre vraiment docile et confortable, grâce aux suspensions qui encaissent bien les inégalités de la chaussée.

Ce coupé est l’un des rares sur le marché à ne pas sacrifier le confort sur l’autel de la performance. Pouvant de surcroît s’appuyer sur un prix assez serré et de belles prestations routières, cette F-Type devrait bénéficier d’un coup de fouet au niveau des ventes, d’autant qu’à l’œil, les proportions sont magnifiques avec un immense capot incurvé et une capote qui rejoint des ailes arrières bombées, donnant au profil un côté râblé et puissant.

Christian Chéron