Y a-t-il un âge pour s'arrêter de conduire?

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Publié le: 04/03/2009 - Mis à jour le: 07/09/2023
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Une étude de la Prévention routière montre l'attachement des seniors à leur voiture. Le débat autour d'un éventuel contrôle médical reste ouvert.

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Huit millions de possesseurs du permis de conduire ont plus de 65 ans. Soit 20 % des 40 millions de permis délivrés en France. Ils ne sont pas prêts à lâcher le volant, confirme une étude de la Prévention routière et de la Fédération française des sociétés d'assurance. Pourtant, peu de seniors abordent le problème de leur capacité à conduire avec leur médecin, et les enfants se sentent « mal placés » pour aborder le sujet avec leurs parents.

La question d'un contrôle médical revient régulièrement sur le tapis. En décembre 2002, un Conseil interministériel de sécurité routière avait préconisé la mise en place d'un contrôle médical d'aptitude obligatoire. L'idée avait été repoussée par le gouvernement.

Un million de conducteurs inaptes

En 2006, l'Académie de médecine, affirmant qu'un million de conducteurs étaient inaptes, avait demandé une exception au secret médical, afin que les médecins puissent signaler les conducteurs potentiellement dangereux : « Cela n'aurait pas été opportun », affirme le Dr Deseur, vice-président de la section exercice professionnel au conseil national de l'Ordre. Le risque aurait été que ces personnes ne consultent plus ».

L'Ordre des médecins a cependant lancé une réflexion sur un système qui n'engagerait pas la responsabilité morale des médecins. « Il s'agirait de formaliser la déclaration d'absence de pathologie », qui existe bien sur nos permis mais n'est que peu contrôlée. Les titulaires de permis recevraient de la préfecture, à intervalles réguliers, des formulaires déclaratifs qui engageraient leur responsabilité. S'ils ont un doute, ils consulteraient le médecin, qui ne donnerait pas d'éléments diagnostics, mais indiquerait si la personne est apte.

« Il ne s'agit pas de stigmatiser une catégorie de personnes, assure le Dr Deseur. La dangerosité ne provient pas nécessairement de l'âge. Des troubles de la vision, ou certains traitements au long cours affectent beaucoup la conduite. » D'ici à cet été, des propositions pourraient être faites aux législateurs.

La Prévention routière n'est pas favorable à la mise en place systématique d'examens médicaux. Elle entend cependant renforcer les actions de sensibilisation à l'intention des seniors, et favoriser « le dialogue entre médecin et patient ».

En effet, selon les statistiques, les seniors ne sont pas une catégorie de conducteurs plus dangereuse qu'une autre. En Europe, l'Irlande, le Danemark ou les Pays-Bas ont mis en place une visite médicale obligatoire pour les seniors. Elle n'aurait pas, jusqu'à présent, fait la preuve de son efficacité.

Philippe Richard, Ouest-France

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