« La question n'est pas l'âge, mais l'état physique et mental »

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Publié le: 04/03/2009 - Mis à jour le: 01/03/2022
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Entretien
Jean-Pascal Assailly, chercheur à l'Inrets (Institut national de recherches sur les transports et leur sécurité).

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« Oui, c'est difficile de ne plus conduire parce que l'arrêt est une métaphore de la mort. Comme si l'on indiquait aux vieux conducteurs : « Le cimetière, c'est la prochaine à droite ». La voiture - notamment en banlieue ou à la campagne - permet de faire ses courses, d'avoir des activités associatives ou culturelles, de visiter ses amis, de se rendre chez le médecin. Ainsi, des liens sociaux sont maintenus et cela, c'est vital.

En empêchant les seniors de rouler, on éviterait quelques accidents. Mais on aggraverait les phénomènes d'isolement, de dépendance, d'entrée précoce en maison de retraite. En termes économiques, cela coûterait cher à la société. Pourquoi les empêcher de conduire ? Beaucoup d'automobilistes âgés sont conscients de leurs handicaps. Alors, ils compensent et se régulent d'eux-mêmes. Les vieux roulent moins vite, ne circulent plus la nuit ou sur autoroute, ne sortent pas s'il pleut trop.

La vraie question n'est pas l'âge, mais l'état physique et mental. Quand il devient problématique, qui va le dire ? Comment un enfant peut-il imposer ou ordonner quelque chose à son père, à sa mère ? Pour le conjoint, aussi, c'est délicat. Une épouse qui n'a pas son permis (ou qui a abandonné le volant à son mari) n'a pas envie qu'il arrête : elle se sentira coincée à la maison, privée de liberté.

Pour moi, la bonne formule, c'est prévenir et former. En Belgique et aux Etats-Unis, il existe des centres d'entraînement. Les personnes âgées volontaires testent leur comportement sur route, en ville, en phase de dépassement, etc. Ensuite, on traite leurs difficultés spécifiques. »

Recueilli par Colette David, Ouest-France