Un simulateur pour prévoir les bouchons - Nantes - jeudi 23 mars 2006

Actualité

Publié le: 23/03/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Avant tous travaux de voirie, Nantes Métropole teste son projet avec un simulateur de circulation. Cet outil calcule les seuils de saturation.

8 h 15, boulevard du champ de Mars. La mauvaise heure, assurément, pour s'immiscer en voiture au centre-ville de Nantes. Mais pas le choix : les horaires de service ne se discutent pas. Les transports en commun ? Oui, c'est bien pour ceux qui y trouvent leur compte. Moi pas. Voilà pourquoi, chaque matin, comme beaucoup d'autres sudistes, je ronge mon frein dans les embouteillages. Ah, ça laisse le temps de réfléchir et de voir les chantiers qui progressent, tranchée par tranchée, deviner chaque jour un peu plus le nouveau tracé des voies, les perspectives, les petits détails décoratifs qui, demain, deviendront invisibles, balayés d'un regard vague, celui du pilotage automatique sur trajet routinier.

Enfin, aujourd'hui, pour ce qui est de rompre avec les habitudes, on peut faire confiance à Nantes Métropole ! Pas un grand axe qui n'échappe au remaniement. Le summum étant les carrefours, tous ces feux élagués pour laisser pousser les ronds-points. Comme au pied du pont LU en ce moment, à Pirmil, à Rezé, et demain en haut du Pont du Cens. Les ronronneurs du volant comme moi en perdent le nord.

Comment donc s'élaborent ces remaniements de circulation ? Pour le savoir, cap sur la tour Bretagne. Dans ces bureaux dominant la ville travaillent les spécialistes en déplacement de Nantes Métropole. Des hommes au langage de plombier qui vous parlent de tuyaux (les voies) et de robinets (les carrefours), cernés au cordon (un périmètre d'étude).

Diagnostic pointu

« Il y a deux étapes. D'abord le diagnostic. L'étude ne s'arrête pas au simple comptage des véhicules, mais prend aussi en compte tout l'environnement : vie économique, patrimoine bâti, foncier, végétal, etc. Il s'agit d'anticiper, pour les 30 ans à venir, avec une charte d'aménagement qui sera intégrée au Plan local d'urbanisme », explique Léonard Allemandou, directeur du service. « Un robinet n'est jamais seul. Il faut toujours regarder en parallèle ce qui se passe autour. L'étude inclut une vision générale de l'axe et des voies qui le desservent. Pour le centre de Nantes, par exemple, avant les travaux de la ligne 4 et des nouveaux ponts, en 2004, nous avons fait un cordon sur 150 points de mesure. »

Des mesures qui ont pu pister ma p'tite auto dans son parcours nantais avec une technique digne des agences de détectives. En effet, un jour donné, aux heures de pointe, des personnes munies d'un dictaphone étaient à l'affût aux quatre coins de la ville et relevaient tous les numéros de plaque des véhicules en circulation. Ce qui permet de recomposer des trajets. Des données utiles pour alimenter les nouveaux outils informatique dont disposent nos ingénieurs en circulation.

En effet, lors de la seconde étape, celle du projet, toutes les modifications peuvent être envisagées, même les plus osées car le simulateur de circulation est là pour retoquer les fausses bonnes idées. Il s'agit d'un logiciel (1) dans lequel on dessine le plan avec la dimension des voies voulue. Il intègre aussi le chiffre des flux, la signalisation et tous les types d'usagers. Il déroule le film d'une circulation aux heures de pointe. « L'animation est en accéléré. Très vite on voit l'axe qui se charge trop. Le logiciel pointe le trop plein de véhicules à l'heure », indique Jean-Louis Cottin. Ingénieur du cabinet Isis, il travaille sur la ligne 4, le circuit coeur, Pirmil, l'île de Nantes, autant d'aménagements soumis au test de son simulateur.

Ces petits dominos blancs qui se déplacent harmonieusement sur l'écran me laissent songeuse. Sur le chemin du retour, au volant, je m'égare à rêver d'une ville fluide, sans bouchons. Coups de klaxons ! Oui, oui, j'avance. Rappel à la réalité. Et me revient cette précision de Léonard Allemandou : « La capacité extrême du carrefour n'est pas recherchée pour les voitures. On ne leur donne pas la priorité. Les aménagements sont faits en faveur des plus vulnérables et des transports en commun. L'objectif n'est pas d'adapter pas la ville aux heures de pointe. »

Sylvie HROVATIN.

(1) Vissim est celui le plus communément employé par les agences qui travaillent pour Nantes Métropole, depuis dix ans.