Sébastien Loeb, ce génie populaire

P3213_101005.jpgSébastien Loeb (à droite) et son copilote Daniel Elena ont vécu, hier à Strasbourg, un triomphe romain. Le 7e titre du duo a été fêté dans l'enthousiasme général. AFP

Rallye de France. En s'imposant sur ses terres, Sébastien Loeb a fait d'une pierre deux coups : il a remportéson 60e succès en championnat du monde et conquis son 7e titre. Comme Michael Schumacher en Formule 1...

Strasbourg. De notre envoyé spécial

Et de 7. Pour les titres. Et de 60. Pour les victoires. N'en jetez plus ! Homme de tous les records, Sébastien Loeb a encore marqué de son empreinte l'histoire du sport automobile, vendredi, samedi et dimanche dernier, en Alsace. Sa cote de popularité n'a jamais été aussi forte. Il a pu le vérifier lui-même toute la semaine.

Dans un contexte difficile, le septuple champion du monde a démontré, une nouvelle fois, qu'il avait des nerfs d'acier. « Sébastien m'a encore épaté, s'enthousiasme Olivier Quesnel, le directeur de l'écurie Citroën. C'est un véritable génie. Un génie, c'est quoi ? Quelqu'un de très simple qui a tendance à simplifier les choses les plus compliquées. Nous étions franchement dans une situation très délicate. Parce qu'on était en Alsace, chez lui, avec une ferveur populaire énorme. Il joue le titre, il doit gagner. Tout le monde attend cela comme une évidence. Et ce qui nous semblait insurmontable est devenu quelque chose de simple et naturel avec Sébastien. Tout cela avec une humilité incroyable et une disponibilité de tous les instants pour les spectateurs. Il arrive à faire la part des choses d'une façon extraordinaire. Il est capable d'aller voir le public, de signer des autographes et de se transformer deux secondes plus tard en pilote rapide et réfléchi, de faire le meilleur temps d'une spéciale dans des conditions dantesques. »


Quand l'engouement populaire déborde

L'engouement populaire provoqué par ce phénomène du sport français a débouché dimanche après-midi sur ce qu'on pressentait et qu'on craignait. Une épreuve spéciale (la 19, celle du camp de Bitche) a dû être purement et simplement annulée, le public étant trop nombreux pour se cantonner dans les zones qui lui étaient réservées. Ce Rallye d'Alsace a souvent pris des allures de Tour de France. « Dans les liaisons, je voyais les gens sur le pas de leur porte. C'était touchant », dira Sébastien Loeb après sa victoire et son nouveau sacre.

Est-il le meilleur rallyman de tous les temps ? « C'est évident, pour Jean-Paul Renvoizé, reporter, jeune retraité, 300 rallyes au compteur. C'est le plus complet. Il synthétise les qualités de vitesse et d'intelligence de course de Walter Rölhr et le sens de l'improvisation de Jean-Luc Thérier. Il a gagné partout. Sur toutes les surfaces. Il déborde de talent dans tous les domaines : sportif, valeurs humaines, communication. Il est hors norme. » Michèle Mouton, plus grande rallywoman du monde et Guy Fréquelin, directeur de Citroën Sport, le situent aussi au plus haut niveau : « C'est un grand parmi les grands. Mais il est difficile d'affirmer qu'il est le plus grand parce qu'on ne peut pas comparer les époques. Quoi qu'il en soit, son palmarès est unique. » Au-delà de son statut de sportif et de son palmarès plus qu'impressionnant, Sébastien Loeb est un bel ambassadeur pour le sport français. Ce ne sont pas ses frasques en dehors de sa discipline qui font parler de lui. Ce sont uniquement ses exploits, sa simplicité et son humilité. « L'homme qui a le meilleur potentiel pour devenir le plus grand pilote du monde n'a peut-être jamais conduit de voiture », aime à dire l'Alsacien. Cette phrase étonnante n'est pas énoncée par hasard. S'il n'avait pas trouvé de bonnes âmes pour l'aider, le pilote serait peut-être électricien, aujourd'hui encore. Cela, il ne l'oublie pas.

Jacques HÉBERT, Ouest-France

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