Roulez « propre » grâce au boyau de termite !

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Publié le: 15/03/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
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P1009_070315.jpgAux États-Unis, pour aider au développement de biocarburants bon marché, on mise sur les enzymes. Que l'on trouve dans l'intestin des termites.

Pour booster la production de biocarburants et aider l'Oncle Sam à moins dépendre du pétrole, des scientifiques américains ont découvert une nouvelle piste prometteuse dans le plus inattendu des endroits : l'intestin des termites. Des bestioles capables de convertir 95 % de ce qu'elles mangent en énergie. En moins de 24 heures.

Pour l'instant, le bioéthanol produit aux États-Unis provient essentiellement des céréales. Or, le département américain de l'Agriculture estime que la demande en éthanol « mobilisera 40 % de la récolte nationale en 2016 ». Et beaucoup d'experts soulignent le fait que le coût de production du bioéthanol « excède la valeur du carburant produit ».

C'est pourquoi des scientifiques s'orientent aujourd'hui vers la cellulose plutôt que vers les céréales pour obtenir la matière première qui servira à fabriquer l'éthanol. Le hic, c'est que la structure des « parois » de la cellulose est telle que les matériels actuellement utilisés dans les distilleries ne parviennent pas à la dégrader. C'est là que l'intestin de termite devient intéressant...

Des chercheurs (notamment Melvin Simon, du Caltech) ont analysé les microbes extraits du tube digestif des termites, à la recherche des enzymes qui permettent à ces insectes de transformer la cellulose en sucres fermentés. Et ils en ont trouvé.

Cette piste est étudiée le plus sérieusement du monde, tant par Diversa Corp, à San Diego que par le département américain de l'Énergie, le Joint Genome Institute ou l'Institut national pour biodiversité du Nicaragua.

« Le problème avec la biologie, c'est que ça prend du temps, explique Melvin Simon. Et, en l'occurrence, un sacré paquet de termites. » Le but étant ¯ une fois trouvé comment ils font pour transformer la cellulose ¯ de reproduire ensuite, artificiellement, leur mode opératoire. Mais le vrai problème n'est peut-être pas là.

Dans dix ou quinze ans, estime Christopher Sommerville, chercheur à l'université de Stanford, « nous disposerons d'une production substantielle d'éthanol fabriqué à partir de cellulose, mais pas d'assez de voitures capables de l'utiliser ». Actuellement, 3 % seulement des 250 millions de véhicules qui circulent sur les routes américaines peuvent rouler avec un mélange contenant 85 % d'éthanol : « La flotte devra être totalement renouvelée », conclut Christopher Somerville.