Permis à points : le business des stages

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Publié le: 11/04/2008 - Mis à jour le: 07/04/2015
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P1580_080411.jpgPermis: pour récupérer des points, c'est la jungle

Flashé sur la route, feu grillé ou stop oublié : depuis 1992, les infractions routières sont synonymes de retraits de points. Récupérables via des stages. Un business plus qu'opaque.

Sur le papier, c'est clair. Depuis 1992 et le permis à points, le conducteur non respectueux du code de la route voit son capital points s'effilocher au rythme des infractions. Jusqu'à la suspension. « Maintenant, il faut vraiment être vigilant, confirme Joël Gaucher, le président de l'association Aramis, l'un des 17 centres sarthois agréés par la préfecture où les conducteurs peuvent suivre un stage pour récupérer des précieux points.

Sur le terrain, on fait de drôles de constats. L'agrément de la commission départementale de la sécurité routière ? « C'est sur présentation d'un dossier, se désole le lieutenant Jean-Claude Deroo, de l'escadron départemental de la sécurité routière. On travaille sur de bonnes intentions ». « Il y a des centres où c'est n'importe quoi, dénonce Richard Zimmer, délégué adjoint de l'association nationale pour la promotion de l'éducation routière (ANPER). C'est juste pour faire du business. La commission départementale va se réunir dans quinze jours : on va faire sauter l'accréditation de deux boîtes ».

Des centres de récupération fantômes

Un business qui marche, et pour cause : depuis l'installation massive des radars sur les routes, les infractions constatées explosent. De plus en plus de conducteurs essayent de récupérer leurs points : attention, il faut s'accrocher. Sur les 17 centres agréés aujourd'hui, le numéro d'une entreprise n'est plus attribué, une autre n'a pas « prévu de date de formation » sur Le Mans et redirige les conducteurs vers Rennes ou Nantes...

« À deux reprises, on m'avait programmé un stage dans la Sarthe, se souvient Antonio, un jeune père de famille manceau de 40 ans. Cinq jours avant, les rendez-vous avaient été annulés soi-disant faute de participants. À la place, on me proposait un stage de remplacement à Nantes ». Bonjour les frais de déplacements, sans compter les jours de congés déposés pour suivre le stage... Un exemple pas isolé : tout récemment, douze stagiaires manceaux se sont fait poser un lapin par un centre.

C'est toute l'astuce des entrepreneurs peu scrupuleux. Ils s'inscrivent auprès de la préfecture sans réel lieu de formation sur place. Avec à la clé « des stages qui finissent par se faire dans des cafés ou des hôtels à moins de 5 mètres de débits de boissons, s'insurge Richard Zimmer. Nous, on gagne notre vie mais on a une certaine déontologie. Eux, ils suivent à peine le cahier des charges ».

Un contenu pourtant « imposé par le ministère », souligne Joël Gaucher. Qui date de 1992, bien avant l'explosion du nombre de stagiaires. « Sur la crédibilité du stage, on est squeezé, glisse le lieutenant Jean-Claude Deroo. Je demande à voir ». Rappel de la préfecture : ce sont les inspecteurs d'auto-école qui contrôlent les centres. « Une demande de retrait d'agrément est en cours », indique le service communication.

Source : Ouest-France - Gabriel THIERRY