Mettre des prunes, c'est pas de la tarte !

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Publié le: 30/11/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Ils se font parfois insulter par les automobilistes. Mais ils gardent le moral, ces agents de surveillance de la voie publique qui sillonnent le centre-ville tous les jours.

Reportage à Saint-Brieuc

Carnets de contraventions à la main à la sortie des bureaux de la police municipale, Yann et Marie, matricule 22278XXX et 22 278YYY démarrent leur tournée. Ils donnent de faux prénoms. « On fonctionne avec des matricules. On ne donne pas nos noms ni nos prénoms, ça évite des problèmes. »

Entré dans le service, il y a deux ans et demi, Yann ne parle plus à personne de son boulot. « Au début, j'essayais d'expliquer mon métier, mais les gens ne voient que le côté répressif. La discussion finissait toujours par embêter tout le monde. » Avec les huissiers de justice, les ASVP (agents de surveillance de la voie publique) sont à coup sûr dans le top ten des métiers les plus détestés...

Les insultes ,les regards en coin

Le binôme commence sa tournée par la rue Pierre-Le Gorrrec. Yann vérifie le fonctionnement de l'horodateur. « Ce serait malhonnête de mettre des contraventions sans vérifier l'appareil. » Peu de voitures ont des tickets posés sur les tableaux de bord. Les ASPV dressent des contraventions à la pelle. Un petit malin a mis son ticket à l'envers. « Je verbalise, mais je précise sur la contravention que le ticket était à l'envers. S'il y a une réclamation, on en tiendra compte. »

Un autre automobiliste arrive en courant. « J'allais chercher de la monnaie. » Trop tard la contravention est rédigée. « Tant qu'on n'a pas noté le numéro d'immatriculation on peut annuler la contravention. Après, c'est trop tard. » Yann lui conseille d'écrire rapidement pour demander une indulgence. L'homme est sceptique. « Ça ne marchera pas... »

Sur la place de la Résistance, ça fuse. « Ici, ce ne sont pas des gentils ! » La remarque émane d'une jeune femme, filant fenêtre ouverte. « Je vous ai fait du mal », répond l'agent. « Je ne vous cause plus », embraye la belle. Ce vendredi matin, les automobilistes ne sont pas très agressifs. La pluie calme les nerfs. « Quand il pleut, les gens sont moins agressifs, mais ils ont tendance à ne pas régler leur stationnement. Ils savent qu'on met moins de contraventions quand il pleut. » Ce matin, grosso modo, un tiers n'est pas passé à l'horodateur de la place de la Poste. Les agents précisent qu'ils ne sont pas soumis à la pression de leur hiérarchie. « Nous n'avons aucun quota ni prime », relève Marie, qui elle a débuté il y a six mois.

Les insultes, les regards en coin, les moqueries, voire des menaces... Ces agents qui émargent un poil au-dessus du Smic en essuient souvent. Mais, ils sont philosophes. « Je me suis peut-être énervé deux ou trois fois au début, explique Yann. Aujourd'hui, ça me passe plus facilement dessus. » Et ils n'entendent pas qu'on réduise leur boulot à aligner des prunes. <« On signale des problèmes de voirie, on renseigne les gens... »

Leur job ? Veiller à la rotation des voitures sur les 1 519 places de stationnement payant sur la voirie et au stationnement gênant. Ils luttent à leur façon contre l'anarchie automobile. En fin de service, quitte à dépasser l'horaire de travail, le duo veut terminer ses contrôles sur la place de la Résistance. « Une question d'équité pour tous les automobilistes garés ici. »

Jean-Yves Hinault, Ouest-France