Le « casseur auto » devient « déconstructeur » - jeudi 3 août 2006

Actualité

Publié le: 03/08/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
P906_060803.jpg
P906_060803.jpg

La directive européenne du 24 mai impose une élimination plus écologique des épaves automobiles. Réaction satisfaite d'un démolisseur morbihannais agréé.

VANNES. - Hugues Allaire ne s'est jamais vu en « casseur automobile », mais en « déconstructeur ». Le 24 mai, une directive européenne a fait de sa société, Vannes auto pièces (Vap), le premier démolisseur automobile agréé du Morbihan. La Vap peut procéder, en toute transparence, à l'élimination d'une voiture hors d'usage. « Dix ans que j'attends ce texte », explique ce PDG, converti de longue date à la nécessité d'un cadre légal pour son métier. « Désormais, les règles sont communes à tous les professionnels : seuls les démolisseurs et broyeurs agréés sont habilités à prendre en charge les épaves. »

Un tournant pour les casses automobiles dont l'image n'est pas toujours flatteuse ? L'allusion ne fait pas bondir Hugues Allaire. « J'étais commercial dans les pièces auto. Je vous passe les réactions de mon entourage professionnel, le jour où j'ai créé une entreprise de déconstruction automobile à Vannes ! C'était en 1996. La directive européenne était déjà dans l'air, sans plus de précisions. J'étais convaincu qu'on ne pouvait pas continuer à entasser des carcasses n'importe comment, n'importe où, au mépris de l'environnement. »

En 1999, il réunit ses activités de grossiste en pièces automobiles et de démolition sur un seul site de 5,8 hectares, aux portes de Vannes. Soit 1 700 000 € d'investissement. « Parking étanche »

« J'ai dû instruire un dossier complet d'impact de mon entreprise sur l'environnement. Cela m'a pris plus de deux ans. Quand je voyais la tolérance vis-à-vis de certaines casses, pas toutes regardantes sur le chapitre de l'environnement, j'en arrivais à me demander si toutes ces tracasseries étaient nécessaires. Maintenant, je sais que oui. » Au printemps, Hugues Allaire a reçu la visite des agents de la Drire (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) et d'un organisme certificateur. « C'était quasiment une formalité. Mes quatre hectares de parking bitumé sont totalement étanches. Les eaux de ruissellement se déversent dans un bassin de décantation au-dessus de tout soupçon. Des grenouilles l'ont même colonisé. »

La PME - 25 salariés dont 12 affectés au démontage - cherche à rentabiliser l'investissement initial. De 2 000 voitures déconstruites par an, Hugues Allaire se dit en capacité de passer à 5 000. Reste des interrogations sur l'évolution du métier. « Le bilan est contrasté selon les postes. Compte tenu de la demande internationale, la filière acier se porte plutôt bien. Celles des plastiques et du verre balbutient. Celles des flux polluants (batterie, liquide de frein, huile) coûtent de l'argent. Je paie des spécialistes pour les collecter. »

Hugues Allaire imagine une progression par étape dont les constructeurs seront nécessairement partie prenante. « Les pièces récupérées s'écoulent moins facilement. Les débouchés se font de plus en plus à l'export, vers l'Afrique, l'Europe de l'Est. Actuellement, nous détruisons des voitures qui ont de 10 à 15 ans d'âge. Ça intéresse encore les particuliers et quelques professionnels. Mais les véhicules récents ne sont pas conçus pour être réparés avec des pièces d'occasion. »

Denis RIOU