Le carburant vert, avantages et inconvénients

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Publié le: 08/03/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
Comme l'illustre l'exemple suédois, les biocarburants ne sont pas la solution miracle que nous promettent les pouvoirs publics. D'ailleurs, les pétroliers, les automobilistes, les constructeurs d'automobiles et même les écologistes restent très prudents. Avec quelques raisons.

Si l'on ne compte que quelques rares modèles de voitures « vertes » et seulement 17 stations qui proposent de l'E85, c'est d'abord parce que personne ne sait avec précision ce que sera la politique énergétique et fiscale après la présidentielle. Pour l'instant, grâce à un fort soutien budgétaire, le biocarburant (0,80 ?/l) est un tiers moins cher que le litre d'essence. Mais rien ne dit que le budget de l'État pourra durablement supporter un manque à gagner croissant. Sans aides, il n'est rentable qu'à partir de 65-70 dollars le baril de pétrole, sauf à l'importer du Brésil.

Quant à l'automobiliste, il découvre que le rendement de l'éthanol reste discutable et qu'il faut 30 % de biocarburants en plus pour couvrir la même distance. Comparé au diesel, rouler bio peut même coûter plus cher. On comprend la prudence des constructeurs.

Manger ou rouler faudra-t-il choisir ?

Les écologistes eux-mêmes sont très prudents. Les biocarburants freinent - un peu - le réchauffement de la planète, limitent notre dépendance énergétique et demeurent un substitut intéressant - car renouvelable - à l'énergie fossile. En revanche, leur développement à grande échelle pose d'autres problèmes. Les cultures énergétiques accélèrent la déforestation de la planète. Elles relèvent d'une agriculture intensive gourmande en engrais et épuisante pour les sols. Au-delà d'un certain seuil, elles entreront en concurrence, dans quelques années, avec les cultures alimentaires et exportatrices. Avec 20 % de la surface cultivée, on ne pourrait satisfaire que 10 % des besoins.

Manger ou rouler, faudra-t-il choisir ? En fait, l'avenir serait plutôt aux biocarburants de la deuxième génération, ceux qui exploitent la partie de la plante qui n'est pas utilisée pour l'alimentation. Enfin, on dépense presque autant d'énergie à produire de l'éthanol qu'on en récupère à l'arrivée.

L'argument environnemental l'emporte légèrement. Mais en caressant notre bonne conscience écologique, il évite surtout de dire clairement que les biocarburants - la vedette du Salon de l'agriculture - sont d'abord un moyen de garantir un revenu de substitution à des agriculteurs qui vont devoir se passer des subventions européennes à partir de 2013.

Michel URVOY.