Land Rover : « Fabrique-moi une voiture pour la vie »

Actualité Land Rover

Publié le: 18/04/2008 - Mis à jour le: 07/04/2015
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François Hameury, sculpteur, s'est donné un an pour fabriquer pour le compte d'un ami anglais fortuné, la Land Rover de ses rêves.

Dans l'atelier du sculpteur, face au collège de Lanmeur, la jeep anglaise reprend forme. Munie d'un puissant moteur, elle a aussi conservé son châssis. Il ne reste plus... qu'à réinventer tout le reste. Cela devrait prendre un an. « Je sais où je vais mais je ne sais pas comment, raconte François Hameury. Comme j'ai opté pour un habitacle en tubes inox, il faut s'adapter en permanence à cette rondeur qui a un intérêt esthétique mais qui est aussi inédite au pays de la Land Rover ».

Pour suivre le fil de ce chantier insolite, il faut remonter à la rencontre entre l'artiste et son mécène Richard Upton en 2003. L'histoire d'un homme fortuné qui, perdu en Bretagne, s'arrête par hasard à l'atelier et s'émerveille au point de vouloir mêler cette découverte, à sa propre vie.

Depuis, l'ami londonien a passé commande de deux oeuvres : « The Throne », une sculpture monumentale en laiton qui, en juin 2004 a trouvé sa place sur le campus de l'université de Greenwich ; ainsi qu'une éolienne « fabriquée main » qui alimente une serre en énergie sur la propriété de l'homme d'affaires.

Mais ce ne sont pas les dernières lubies de Richard Upton. « Cet hiver, il a invité 150 copains à fêter Halloween dans le sous-sol de la Central Station qu'il avait loué pour la circonstance, raconte le sculpteur. Je m'y suis rendu au guidon de la Honda 500 de 1982 que j'ai totalement transformée en l'habillant de laiton ». Un délire personnel qui a fait sensation parmi les convives entraînés dans une soirée « hallucinante ».


Intérieur cosy

Passionné de voitures, Richard Upton a imaginé que le Frenchy, sculpteur et ingénieur des Arts et métiers, pourrait une fois encore, assouvir l'un de ses rêves de gosse. « Il m'a proposé de faire changer de peau à sa Land Rover, comme je l'avais fait pour la Honda ! Une voiture quasi neuve, je n'étais pas convaincu. »

L'idée a fait son chemin. François Hameury propose d'aller aux sources de la 4/4, conçue au départ, en 1948, comme un véhicule utilitaire à destination des agriculteurs.

Plutôt que de « s'attaquer au chalumeau » à la Land Rover « qui tout de même coûte une fortune », il suggère de se mettre en quête d'un châssis plus ancien, « modèle léger ». Ainsi, le duo déniche une Leight weight modèle 82 qui sera métamorphosée.

« Fabrique-moi une voiture pour la vie... » demanche alors Richard à François... Pas une voiture jetable, un véhicule personnalisé, conçu pour passer d'une génération à l'autre.

Depuis trois mois, François Hameury se consacre entièrement à ce chantier. À l'extérieur, la voiture sera « brute de décoffrage », alliant inox et acier corten. Un alliage qui se couvre d'une rouille protectrice en vieillissant.

La Land Rover, si elle a un cadre tubulaire, se doit de conserver son allure et ses fonctionnalités d'origine. Le pare-brise sera donc escamotable, comme les portières. La moindre petite pièce est fabriquée avec les moyens du bord, une meuleuse, un tour... Du matériel d'artisan.


Gaudi

« Pour que je m'imprègne de l'esprit qu'il comptait y mettre, Richard m'a proposé de faire un séjour d'une semaine à Barcelone, sur les traces de Gaudi. L'idée était de se rendre compte à quel point dans l'oeuvre de l'architecte catalan, rien n'est dû au hasard, pas même la moindre poignée de porte ».

Du cousu main que cette future 4/4 des villes (dommage pour l'écologie) qui se doit aussi de « présenter un intérieur cosy ». Une bille d'olivier attend son heure pour entrer dans la fabrication du tableau de bord. Les sièges, tout cuir, se marieront avec les pièces en laiton qui peu à peu entrent dans le patchwork métallique. Parmi les contraintes, un emplacement réservé au siège bébé et de quoi équiper le tout-terrain en matériel de sonorisation. Alors que la capote sera confectionnée par un fabriquant de voiles de Plouezoc'h.

L'artiste-sculpteur ne s'y perd pas : « L'essence de mon travail a toujours été de fabriquer du mieux possible des structures construites d'éléments incompatibles, de matériaux opposés, de volumes contraires, qui malgré tout s'équilibrent dans la dynamique. Au fond, l'art n'est jamais autre chose qu'un prétexte ».


Françoise LE BORGNE, Ouest-France

Il est possible de suivre l'évolution du chantier sur le site internet www.hameury.com.


Source : Ouest-France


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