La crise rattrape l'automobile roumaine

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Publié le: 01/12/2008 - Mis à jour le: 29/11/2023
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Dacia-Renault et Michelin arrêtent temporairement leur production. Signe de ralentissement d'une économie jusqu'ici florissante.

L'usine Dacia de Mioveni, au nord-ouest de Bucarest, fleuron de l'industrie automobile roumaine, symbole de la croissance économique du pays (8 % cette année), ferme ses portes pour un temps. Ici aussi, la crise frappe. La production de la Logan est arrêtée. Les 14 700 salariés sont mis au chômage technique. Ils toucheront 85 % de leur salaire jusqu'au 7 décembre.

Dacia fait vivre toute la région

« Nous adaptons la production à la forte baisse des marchés automobiles, tant en Roumanie qu'à l'exportation. Ici, le déclin du marché des véhicules neufs a été de 30 % au mois d'octobre. Il risque d'atteindre 50 % en novembre », explique François Fourmont, le directeur général de Dacia.

Après le succès de la Logan et des années de croissance, le réveil est difficile à Mioveni. Déjà, la production est ralentie chez les sous-traitants. L'ensemble du bassin d'emploi est affecté. Chez les salariés, l'inquiétude grimpe. « Ce n'est pas la catastrophe, mais on se fait du souci pour 2009 », confirme Ion Iordache, leader syndical de l'usine.

Il explique, dans la foulée : « La production prévue était de 400 000 véhicules. On sait que ce sera moins. Que certains CDD pourraient ne pas être renouvelés. La situation est difficile et a déjà des répercussions sur l'économie de la ville, sur les sous-traitants. Ici, Dacia fait vivre toute la région. » Le chômage devrait augmenter

Chez Michelin, même scénario. Le fabricant de pneus français interrompra la production de ses deux usines de Zalau, au nord-ouest du pays, à compter du 12 décembre et jusqu'à début janvier. 1 600 salariés ont été mis au chômage technique. La direction se veut rassurante et affirme que cette situation, provoquée par la baisse des commandes en Europe, « est conjoncturelle ».

Ces réductions d'activité en chaîne - qui touchent d'autres grands groupes étrangers comme Nokia - risquent d'avoir de lourdes répercussions sur l'économie roumaine. Les sociétés étrangères, notamment françaises - la France est le 4e investisseur étranger et près de 4 000 sociétés sont présentes - y jouent un rôle fondamental et participent à son insolent dynamisme.

Un dynamisme qui devrait connaître un sacré coup d'arrêt. Pour 2009, les analystes tablent sur une croissance de 3,5 %. Les plus pessimistes évoquent même la possibilité d'une récession. Ils s'attendent à une hausse importante du chômage (4 % actuellement).

Source : Ouest-France - Marion Guyonvarch