Dinan teste la première chaussée antipollution - mercredi 11 octobre 2006
Actualité
Publié le: 11/10/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Rouler en ville sans (trop) polluer, c'est possible. Mais, cette fois, c'est le macadam qui fait le boulot ! En absorbant les gaz d'échappement. Un revêtement routier qui absorbe les gaz d'échappement des voitures ? Cela existe. Mais pas depuis très longtemps. « Dinan va, en quelque sorte, nous servir de champ d'expérimentation pour la destruction des NOx », explique Michel Pognant, directeur marketing et recherche d'Eurovia.
Les NOx sont les oxydes d'azote rejetés dans l'air par le trafic routier, responsable, en France, de 75 % de ce type de rejet. Pas vraiment recommandés pour les poumons... En travaillant sur un brevet initialement déposé par Mitsubishi, Eurovia (filiale de Vinci) a eu l'idée d'appliquer à la route une technologie déjà mise en oeuvre dans ses murs antibruit. « En laboratoire, on obtient une destruction de 85 % à 90 % des NOx », affirme Michel Mazé, directeur du centre de recherche de Mérignac. Dans des conditions réelles d'utilisation, il reconnaît volontiers une efficacité moindre, même si « les pics de pollution, précise-t-il, sont écrêtés ».
Cette technologie, utilisée pour la première fois en France, à Dinan, paraît prometteuse. Concrètement, pour fabriquer ce revêtement routier particulier de 3 à 7 cm d'épaisseur, on incorpore à un enrobé poreux classique un « coulis à base de ciment » contenant du dioxyde de titane (Ti02). Cette pâte remplit les vides de l'enrobé, le Ti02, au contact de l'air, piégeant les NOx.
De 10 à 15 € le m2
Cerise sur le gâteau, ce revêtement peut être teinté à la demande du client, « pour matérialiser des couloirs de bus, par exemple », explique Michel Mazé. Et peut-être aussi bien posé en plein air que dans des parkings ou des tunnels sans perdre ses propriétés.
Reste que cette technologie à un coût. « Il y a de six à huit kilos de TiO2 par mètre carré d'enrobé, précise Michel Pognant, ce qui met actuellement son prix entre 10 et 15 €. » Soit deux à trois fois plus cher qu'un enduit routier traditionnel.
Eurovia attend beaucoup des contrôles qu'il effectuera, pendant les deux ans à venir, sur son revêtement de Dinan. Au Japon, la méthode a déjà été appliquée sur des pavés et des trottoirs. Des essais grandeur nature qui ont permis de mesurer une baisse de 60 % de la pollution atmosphérique.
L'essai ne demande donc qu'à être transformé, pour le plus grand bien de notre qualité de l'air. Avec, toutefois, un bémol. La production de dioxyde de titane, largement utilisée dans les peintures (celle des sous-marins, par exemple), voire comme colorant alimentaire, est elle-même polluante.
Un grand groupe mondial comme Huntsman Tioxide, pour produire une partie des 4 millions de tonnes de TiO2 fabriquées chaque année, rejette notamment dans l'air du dioxyde et du monoxyde de carbone, ainsi que des oxydes de soufre et d'azote. Le prix à payer pour mieux respirer dans les embouteillages ?
Pierre PINSON
Rouler en ville sans (trop) polluer, c'est possible. Mais, cette fois, c'est le macadam qui fait le boulot ! En absorbant les gaz d'échappement. Un revêtement routier qui absorbe les gaz d'échappement des voitures ? Cela existe. Mais pas depuis très longtemps. « Dinan va, en quelque sorte, nous servir de champ d'expérimentation pour la destruction des NOx », explique Michel Pognant, directeur marketing et recherche d'Eurovia.
Les NOx sont les oxydes d'azote rejetés dans l'air par le trafic routier, responsable, en France, de 75 % de ce type de rejet. Pas vraiment recommandés pour les poumons... En travaillant sur un brevet initialement déposé par Mitsubishi, Eurovia (filiale de Vinci) a eu l'idée d'appliquer à la route une technologie déjà mise en oeuvre dans ses murs antibruit. « En laboratoire, on obtient une destruction de 85 % à 90 % des NOx », affirme Michel Mazé, directeur du centre de recherche de Mérignac. Dans des conditions réelles d'utilisation, il reconnaît volontiers une efficacité moindre, même si « les pics de pollution, précise-t-il, sont écrêtés ».
Cette technologie, utilisée pour la première fois en France, à Dinan, paraît prometteuse. Concrètement, pour fabriquer ce revêtement routier particulier de 3 à 7 cm d'épaisseur, on incorpore à un enrobé poreux classique un « coulis à base de ciment » contenant du dioxyde de titane (Ti02). Cette pâte remplit les vides de l'enrobé, le Ti02, au contact de l'air, piégeant les NOx.
De 10 à 15 € le m2
Cerise sur le gâteau, ce revêtement peut être teinté à la demande du client, « pour matérialiser des couloirs de bus, par exemple », explique Michel Mazé. Et peut-être aussi bien posé en plein air que dans des parkings ou des tunnels sans perdre ses propriétés.
Reste que cette technologie à un coût. « Il y a de six à huit kilos de TiO2 par mètre carré d'enrobé, précise Michel Pognant, ce qui met actuellement son prix entre 10 et 15 €. » Soit deux à trois fois plus cher qu'un enduit routier traditionnel.
Eurovia attend beaucoup des contrôles qu'il effectuera, pendant les deux ans à venir, sur son revêtement de Dinan. Au Japon, la méthode a déjà été appliquée sur des pavés et des trottoirs. Des essais grandeur nature qui ont permis de mesurer une baisse de 60 % de la pollution atmosphérique.
L'essai ne demande donc qu'à être transformé, pour le plus grand bien de notre qualité de l'air. Avec, toutefois, un bémol. La production de dioxyde de titane, largement utilisée dans les peintures (celle des sous-marins, par exemple), voire comme colorant alimentaire, est elle-même polluante.
Un grand groupe mondial comme Huntsman Tioxide, pour produire une partie des 4 millions de tonnes de TiO2 fabriquées chaque année, rejette notamment dans l'air du dioxyde et du monoxyde de carbone, ainsi que des oxydes de soufre et d'azote. Le prix à payer pour mieux respirer dans les embouteillages ?
Pierre PINSON
