Avertisseurs de radars : trop efficaces ?

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Publié le: 12/10/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Parfaitement légaux, les avertisseurs de radars permettent aux automobilistes de se prévenir des contrôles de vitesse. Leur efficacité pose question alors que le nombre de tués recommence à augmenter.

C'est un boîtier gros comme un paquet de cigarettes qui se place sur le tableau de bord. Il combine les technologies du GPS (positionnement par satellite) et de la téléphonie mobile. Son efficacité est redoutable. « Il m'a déjà sauvé mon permis trois ou quatre fois », confirme Arnaud, dirigeant d'entreprise.

Son principe : celui du bon vieil appel de phares. Quand un automobiliste voit un radar, il prévient les autres en appuyant sur un petit bouton. L'alerte est donnée par les ondes. Tous ceux équipés du même appareil et qui circulent sur la route savent alors qu'à tel endroit précis des gendarmes ou des policiers contrôlent les vitesses.

« Je ne peux plus m'en passer », raconte Mathieu, cadre supérieur, dont le métier l'amène à beaucoup se déplacer. Impunité garantie, ou presque. La tentation est forte d'avoir le pied lourd sur l'accélérateur. Yves, dirigeant d'entreprise, possède une puissante voiture allemande dont il se sert pour son usage professionnel. Il avoue des pointes déraisonnables quand son avertisseur lui dit que la route est dégagée.

Arnaud ne dit pas autre chose. Il est équipé d'un modèle Coyote, le plus vendu. Son appareil lui indique en permanence combien d'autres « coyotes » roulent devant lui (on les appelle les « éclaireurs »). « Quand j'ai sept éclaireurs devant moi et que pas un n'a signalé un radar, c'est que je ne risque rien. »

Peu répandus il y a encore un an ou deux, les avertisseurs de radar se sont vendus comme des petits pains cette année. Pas chers (autour de 200 €, plus un abonnement mensuel), faciles à utiliser, efficaces... Et parfaitement conformes à la loi. « 100 % légal », dit la marque Coyote, qui affirme avoir déjà équipé 200 000 automobilistes.

Frédéric Nomel, gérant du magasin Feu Vert de Paridis, dans la banlieue nantaise, confirme le phénomène. Ses clients ? « Ceux qui ne peuvent pas travailler sans voiture. Ils invoquent tous la même raison : le risque de perdre des points sur leur permis. »



« Pas de politique spéciale » pour les gendarmes

« Ce type d'appareil, en tant que tel, n'est pas illégal et nous n'avons pas de politique spécialement dirigée contre lui », informe le commandant Louis-Paul Le Ravallec, officier communication de la gendarmerie à Rennes.

« Nous pensons que le moyen le plus efficace pour lutter contre les comportements dangereux sur la route reste les contrôles de masse. » Petite mise en garde, tout de même : « Nos radars peuvent être très discrets et nous utilisons aussi des radars embarqués dans des voitures banalisées. »

Alors, 100 % légal mais 100 % immoral, l'avertisseur de radar ? Arnaud, le chef d'entreprise, reconnaît contourner la loi. « Mais avec mon Coyote, dit-il, je n'ai plus les yeux rivés sur le compteur. Je suis moins stressé et plus attentif à ma conduite. »

Des arguments qui ne convainquent pas Claude Chabot, de la Ligue contre la violence routière : « La vitesse est la deuxième cause de mortalité sur la route après l'alcool. Avec ce type d'appareil, l'usager devient vite un danger public. » Pour l'heure, la Ligue n'a pas encore sensibilisé les politiques à la question. « Mais on y pense très activement, notamment pour les propositions que nous allons bientôt remettre au ministre des Transports. »

(Source : Marc Mahuzier, Ouest-France)

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