Audi entre dans l'histoire avec sa technologie diesel - Sarthe - lundi 19 juin 2006

Actualité Audi

Publié le: 19/06/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Pari gagné pour Audi. Le constructeur allemand rêvait d'imposer, d'entrée au Mans, son « proto » à moteur diesel. Et il l'a fait, malgré une belle opposition de Pescarolo.

Et de six pour Audi au Mans ! Mais cette victoire acquise, hier, devant 235 000 spectateurs, avec Franck Biela, Emanuele Pirro et Marco Werner, est autrement significative que celles glanées en 2000, 2001, 2002, 2004 et 2005 avec le modèle R 8 à essence. C'est une motorisation diesel qu'a imposée pour la première fois le constructeur allemand dans ce véritable laboratoire technologique que restent les 24 Heures. Avec, en prime, le record de la distance de l'actuel circuit (5 187 km).

Après Sebring en mars, Audi confirme en Sarthe dans l'épreuve reine de l'endurance. Et on peut imaginer les retombées d'un tel succès, sur un marché où les motorisations diesel représentent plus de la moitié de la production de la firme d'Ingoldstadt. Et puis, Audi lorgne également vers le marché américain.

Le constructeur allemand est persuadé pouvoir changer, après de tels succès, la mentalité des conducteurs « US », allergiques jusque-là aux moteurs à gasoil. Dans cette optique, la R 10 victorieuse au Mans franchira l'Atlantique pour terminer la saison de l'American Le Mans Series. « Nous voulons également changer l'image du diesel, avance de surcroît, Wolfgang Ullrich, patron d'Audi Sport. Et lui donner une image sportive. »

Mais avant de passer en vainqueur devant le drapeau à damiers, Audi a souffert. Et tout son staff a tremblé. Les problèmes se concentrèrent sur la même voiture, celle de Tom Kristensen, « Monsieur Le Mans », privé d'une huitième victoire après des changements d'injecteurs, de transmission, de fond plat et de turbo, alors que l'Audi victorieuse ne restait immobilisée au stand que neuf minutes, pour une réfection de sa boîte de vitesse. Un moindre mal, compte tenu du net avantage, en terme de performance, de cette voiture sur les Pescarolo.

Jamais en effet les voitures sarthoises ne furent en mesure de répondre aux attaques de leurs homologues allemandes qui roulaient entre deux et cinq secondes plus vite au tour. Et puis, en début de nuit « Pesca » perdait l'une de ses autos, une panne électrique plongeant la voiture d'Emmanuel Collard, Érik Comas et Nicolas Minassian dans les profondeurs du classement.

Restait celle de Franck Montagny, Éric Hélary et Sébastien Loeb. Ces trois garçons firent une course exemplaire. Mais, pour inverser la tendance, ils ne pouvaient compter que sur une défaillance de l'Audi de tête. « Pendant 24 heures, on a regardé les Audi de loin, explique Henri Pescarolo. Même avec beaucoup plus de moyens, nous n'aurions pu faire mieux. Mes pilotes et mon équipe ont été irréprochables. Il nous a simplement manqué une centaine de chevaux. L'équivalence souhaitée par l'ACO entre les moteurs essence et diesel a été favorable au diesel. Et si le club automobile manceau veut retrouver de grands constructeurs comme Porsche, Nissan ou Toyota, il lui faudra revoir sa copie. Quant à moi, j'évite de penser à l'année prochaine. La seule chose dont je suis sûr c'est que je ne repartirai pas avec cette voiture. »

Terriblement déçu « Pesca » ! Peugeot qui reviendra au Mans l'an prochain avec une 908 diesel pouvait lui tendre la main. Ce n'est pas, pour l'instant, dans les projets du Lion qui aurait pourtant besoin de la précieuse expérience du patron de l'écurie mancelle pour affronter l'ogre Audi.

Alors, Pescarolo aura-t-il l'envie et les moyens d'utiliser, lui aussi, une mécanique diesel qui existe dans les cartons de son motoriste John Judd ? L'avenir le dira.

Jean-Claude VIRFEU.