24 Heures du Mans : les Peugeot, parties à quatre, arrivées à zéro

Actualité Peugeot

Publié le: 15/06/2010 - Mis à jour le: 07/04/2015
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P3128_100615.jpg(Photo : Franck Dubray)

24 Heures du Mans. La sérénité du début, l'euphorie du milieu de la semaine et un immense spectre de désolation à la fin. Récit d'un retentissant fiasco où Audi a tiré les marrons du feu en signant un triplé.

Il semble si loin le bonheur de l'an passé où chez Peugeot, la joie transpirait à grosses gouttes. Avec la satisfaction d'avoir réussi un exploit en boutant Audi hors de la première et de la deuxième marche du podium des 24 Heures du Mans. Peugeot était enfin parvenu à la consécration et 2010 constituait un terreau idéal pour confirmer.

Serein en début de semaine mancelle lors du pesage, confiant après les essais et l'obtention des quatre premières places sur la grille de départ, la course s'est résumée à une cascade de désillusions. Un remake de l'épisode de la traversée de la Berezina. Une somme de soucis jamais rencontrés par la marque française.


Comprendre

Les malheurs des Lionnes ont débuté avec l'abandon de la n° 3 du trio Bourdais/Lamy/Pagenaud après deux heures de course. Une rupture du point d'ancrage avait arraché la coque. La n° 1 allait être confrontée à un court circuit du boitier électrique. Un incident qui allait lui faire perdre 13 minutes. Au petit matin, c'est la n° 2 qui rendait les armes. Casse moteur. Un problème que la n° 1 rencontrait à moins de deux heures de l'arrivée, alors qu'elle était lancée dans une folle course pour tenter d'aller contrecarrer les plans de l'Audi n° 9, en tête depuis l'abandon de la Peugeot n° 2. « A ce moment, nous avons espéré. Nous avions les moyens d'aller les chercher. Nous étions plus rapide que l'Audi » confiait Jean-Marc Gales, le directeur général de Peugeot. Et pour couronner le tout, la 908, confiée à l'écurie Oreca, rendait l'âme une heure et quart avant le drapeau à damiers. Le Lion était mort d'une sorte d'effet papillon. Petite cause, dégâts immense.

Comment peut-on expliquer une telle débandade chez un constructeur qui avait affirmé être arrivé au Mans préparé comme jamais ?

« Nous avons fait tout ce qu'il fallait pour gagner » affirmait Olivier Quesnel, le directeur de Peugeot Sport. « C'est une grande déception, car perdre dans des conditions pareilles, cela fait du mal. Il faudra vraiment analyser les racines de ce manque de fiabilité, surtout du moteur, et en tirer des leçons pour le futur. C'est ça l'important pour moi. A partir de lundi matin, on va se pencher sur le sujet. Nous serons là en 2011 » enchérissait Gales. Un « conseil de guerre » est prévu dès le début de la semaine. Il s'annonce tendu, à l'aune des larmes d'Olivier Quesnel sur son muret, lui qui, l'an dernier, avait signé un doublé pour ses premières 24 Heures du Mans.

« Seul le résultat compte et, malgré notre niveau de performance, on n'a pas su concrétiser. Donc c'est un échec. On ne s'y attendait pas, on n'y était pas préparé car nos essais privés se sont toujours bien passés. J'ai beaucoup de regrets. C'est un constat d'échec pour moi. C'est une remise en cause de tout ce qui a été fait jusqu'à présent » lâchait Bruno Famin, le directeur technique de l'écurie, homme à la base du projet 908.

Depuis quatre ans qu'ils arpentent les pistes, les protos de Peugeot n'ont jamais connu de tels soucis. C'est un véritable camouflet. Pendant ce temps-là, Audi pouvait parader. Les Allemandes ont joué la carte de l'efficacité ; Peugeot s'est tiré une balle dans le pied.

Stéphane BOIS, Ouest-France