24 Heures du Mans : le paradis des voitures fait un bruit d'enfer

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Publié le: 09/06/2010 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Le vrombissement des moteurs ajoute à la magie de la course. À condition de ménager ses oreilles.

Capteurs

Pour identifier l'impact sonore des bolides, cinq stations acoustiques, réparties aux alentours du circuit, enregistrent le bruit chaque quart d'heure, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. « On a notamment un capteur au niveau de la ligne droite des stands, où le moteur est en pleine puissance », indique Vincent Beaumesnil, directeur sportif de la course. Pour l'analyse du son, un logiciel prend en compte température, vent, humidité de l'air et type de voiture.


Rapport

L'analyse fait l'objet d'un rapport annuel, réalisé par un bureau d'études et présenté en préfecture. D'après Guillaume Douhéret, directeur de cabinet du préfet, les utilisateurs du circuit restent « généralement » dans les clous. Avec quelques pics : Grand Prix de France moto, World Series by Renault, 24 Heures auto, 24 Heures moto. « Il peut arriver qu'on déborde sur une journée, ou qu'on doive améliorer une zone, mais dans l'ensemble, les résultats sont satisfaisants », assure Vincent Beaumesnil, pour qui cet outil de mesure, en place depuis deux ans, devrait soulager les oreilles des riverains du circuit.


Seuil

La préfecture n'impose aucune norme. Durant l'épreuve, essais compris, l'Automobile-club de l'Ouest, organisateur de la course, fixe le seuil à 112 décibels en dynamique, lorsque la voiture roule sur le circuit. Maximum autorisé le reste de l'année : 105 dB. Ce chiffre ne concerne qu'une voiture seule. Pourquoi ne pas descendre plus bas ? « Ça se fait progressivement, techniquement, c'est très lourd. »


Arrêt

Sanction en cas de dépassement ? « On peut demander d'arrêter une voiture pour modifier l'échappement. » C'est déjà arrivé ? « En course, on n'a jamais eu de problème, les équipes prévoient une marge. » En revanche, sur des « journées privées » réservées à des essais ou entraînements de clubs, des pilotes ont dû revenir aux stands. Autre obligation durant l'année : respecter le créneau horaire pour faire tourner les engins : 9 h-12 h, 14 h-18 h.


Vacarme

Épreuve la plus bruyante : le Grand Prix de France moto. « Avec des pointes à 120 décibels à un mètre de la piste », indique le Dr Kind, médecin en chef des 24 Heures. L'étude révèle même des crêtes à 135 sur quelques millisecondes.

Pourquoi ne pas abaisser le seuil ? Le règlement varie selon les disciplines. « La fédération internationale de moto n'impose pas de niveau sonore bas », précise Ghislain Robert, chargé de l'organisation des événements à l'ACO, qui nuance l'impact de la nuisance : « Quand on fait des essais dans la journée, la voiture ne tourne pas 8 h durant. Il y a des arrêts de quelques minutes et on lisse le volume global sur la journée. »

Vincent Beaumesnil confirme : « Le son dépend de plusieurs paramètres, comme la durée d'exposition, le son ambiant. »


Prévention

L'ACO mène une campagne de sensibilisation : affiches, bouchons d'oreilles gratuits pour les moins de 16 ans, dans les postes de secours. On trouve aussi des bouchons dans les boutiques du village. Prix de la paire : 1 €. Pourquoi ne pas les distribuer avec le billet d'entrée ? « C'est ce qu'on préconise, l'ACO est en train de prendre le problème à bras-le-corps », répond Bernard Piriou, ingénieur sanitaire à l'Agence régionale de santé, qui préconise le casque pour les enfants.


Construction

Autre effort : pour la construction du nouveau prototype école, avec Pescarolo, l'ACO a demandé un véhicule moins bruyant. En attendant, d'ici quelques années, l'arrivée de voitures électriques quasi silencieuses.

Textes et photos : Jérôme LOURDAIS, Ouest-France

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