24 Heures auto : les clés pour savoir qui paye quoi

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Publié le: 11/06/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Qui paye pour la course ? Les spectateurs ? Les concurrents ? Les contribuables ? Explications en huit questions.

Questions-réponses

L'ACO, un club, une asso, une entreprise ?

Un peu des trois, mon général ! Formellement, le plus vieil automobile-club de France est une association loi 1901. Avec deux activités historiques, « parce qu'il faut deux jambes pour tenir debout », aime à dire son président Jean-Claude Plassart. La première est le club, réservé aux « sociétaires » qui cotisent pour diverses prestations : aide juridique, contrôle technique, stage de conduite... La seconde activité est l'organisation de courses : 24 Heures auto, moto, camions, etc.

Aujourd'hui, l'ACO pèse 38 millions d'euros annuels et fait travailler 150 salariés. Soumis comme les clubs de foot à la loi Buffet depuis 1999, l'ACO a payé 2,8 millions d'impôts en 2008. Bref, une « belle petite entreprise », mais dont le régime associatif fait que tous les bénéfices sont réinvestis dans le circuit ou les activités. Les administrateurs, tous bénévoles, et les sociétaires ne touchent pas un centime.

Que représentent les 24 Heures auto pour l'ACO ?

Un événement essentiel. Comme le montre l'infographie, les 24 Heures auto ont représenté plus de la moitié du chiffre d'affaires de 2008. Les 24 Heures moto, c'est sept fois moins important... Comme les cotisations de 38 000 sociétaires de l'ACO qui pèsent seulement 3,2 millions d'euros, soit 8,4 % du budget total.

Comment sont financées les 24 Heures ?

Par les spectateurs, les entreprises... et les bénévoles. La billetterie et la location d'espaces aux entreprises sur le circuit couvrent 85 % du budget. Le « ticket d'entrée » des concurrents et les droits payés par les télés, pour retransmettre la course, représentent des clopinettes. Sur ce dernier point, le contraste avec le foot est saisissant. Avec un budget annuel (environ 40 millions d'euros), proche de celui de l'ACO, le Muc 72 tire pas moins de 65 % de ses recettes des droits TV !

A l'ACO, on insiste aussi sur l'importance des 1 650 commissaires de course bénévoles, souvent très qualifiés et originaires de 27 pays. « Ils viennent par passion. S'il fallait les payer, on serait dans le rouge », assure Jean-Claude Plassart.

Les billets sont-ils trop chers ?

Pour Jean-Claude Plassart, payer 62 € (plein tarif), soit l'équivalent d'un « gros » concert de musique, pour un spectacle qui dure 24 Heures, ce n'est pas cher. Surtout, l'ACO n'a pas le choix. Réduire le prix de 10 € ? C'est plus de 2 millions de recettes en moins.

Est-ce que de l'argent public finance les 24 Heures ?

L'ACO ne touche aucune subvention de l'Etat ou des collectivités locales. En revanche, c'est bien un syndicat mixte associant le Département (50 %), la Région (25 %), la métropole et la Ville du Mans (25 %), qui est propriétaire du circuit. Les collectivités en ont pris le contrôle total en 2001, après une décennie houleuse de partage du pouvoir avec l'ACO.

A l'époque, les 24 Heures auto risquaient de disparaître. Le public boudait et l'ACO n'arrivait plus à faire face aux charges que nécessite l'entretien d'un circuit. Aujourd'hui, en échange d'un loyer de deux millions d'euros, l'ACO est le locataire exclusif des lieux et se concentre sur ce qu'il sait faire : l'organisation des courses.

Le loyer payé par l'ACO est-il à « prix d'ami » ?

Les collectivités locales n'ont pas pris en charge le circuit pour faire de l'argent. Ce n'est pas une raison pour en perdre. Grosso modo, le loyer a été calculé pour correspondre aux annuités des emprunts contractés par les collectivités pour assurer la maintenance du circuit.

Le loyer est révisé régulièrement. Une petite part du loyer est indexée sur le nombre d'entrées aux compétitions. L'idée ? Que les collectivités qui ont sorti le porte-monnaie au temps des vaches maigres touchent un peu plus quand les 24 Heures se portent bien.

L'ACO a des projets de développement sur le circuit. Qui paye ?

Tous les travaux d'aménagement imposés par la sécurité sont payés par le propriétaire. Entre 2004 et 2009, le syndicat mixte a ainsi investi 40 millions d'euros dans la rénovation d'une partie de la piste mais aussi dans la reconstruction du village. Des travaux qui ont donné lieu à une révision à la hausse du loyer.

En revanche, si l'ACO aménage des buttes de terre pour le confort des spectateurs, c'est lui qui paye. Même chose pour le projet d'espace de pilotage virtuel, qui réunirait sur le circuit, des simulateurs ou des jeux vidéo pour petits et grands. Si cela se fait, c'est l'ACO qui paiera.

Alors, posséder le circuit, bonne ou mauvaise affaire pour le contribuable ?

Là encore, le parallèle avec le Muc 72 est intéressant. Le Mans Métropole, Département et Région ont accepté de lâcher des millions pour bâtir un stade à 100 millions d'euros. Si le Muc reste, voire grandit en Ligue 1, ce sera tout bénéfice pour l'image du Mans et de la Sarthe. Mais si le Muc 72 se plante, ça fera cher le siège en Ligue 2.

Pour les 24 Heures, c'est la même chose. Si constructeurs et spectateurs tournent le dos aux 24 Heures, les collectivités locales pourraient se retrouver avec un équipement coûteux et inutile sur les bras. Pas de panique ! L'an dernier, avec 258 000 spectateurs, le record de fréquentation a été battu. Sans oublier les retombées économiques locales, qu'une étude l'université du Maine estime à 80 millions d'euros par édition.

(Source : Ouest-France, Patrick Angevin)

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