Vendre des voitures en talons aiguilles - jeudi 5 octobre 2006

Actualité

Publié le: 05/10/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Bénédicte Prod'homme est vendeuse dans une concession automobile.

Elle témoigne de son expérience dans ce secteur réputé « macho ».

Vous étiez mardi au salon mondial de l'automobile à Paris. Pour quelles raisons et qu'y avez-vous appris ?

Je me suis rendue au salon de l'auto pour accompagner des clients de la marque. C'était la seconde fois. J'ai découvert toutes les nouveautés. Cela permet de se situer par rapport à la concurrence tant sur l'aspect matériel que sur l'aspect financier avec les offres de financement proposées. C'est une véritable vitrine, j'étais émerveillée. Quel est votre parcours ?

Après un BTS tourisme, j'ai travaillé pendant cinq ans au sein d'une agence de voyage. Ensuite, j'ai intégré le secteur de la publicité. Les responsables de la concession Mercedes avec qui j'étais amenée à travailler m'ont proposé de rejoindre l'équipe, en tant que commerciale. Ils ont fait preuve d'un certain culot car je ne connaissais pas le monde de l'automobile. Je n'avais jamais ouvert un capot. J'ai accepté de relever ce challenge. Sur cinq cents vendeurs, seulement quinze sont des femmes à Mercedes, en France. Les débuts n'ont-ils pas été trop difficiles ?

Un peu, je dois l'avouer. Heureusement, j'ai suivi une formation d'un an par la marque. J'avais tout à apprendre. Mes patrons m'ont laissé du temps. Pendant six mois, je n'ai pas eu d'objectifs précis à atteindre. Un bon commercial peut vendre quasiment n'importe quel produit s'il est convaincu par ce produit. Comment se passent les relations avec les clients ?

Au téléphone, les gens me prennent pour la secrétaire et insistent pour parler à un vendeur. Ils sont un peu surpris quand je leur apprends que je suis la vendeuse. Je préfère en sourire. Le fait d'être une femme rassure les épouses des clients, j'en suis persuadée. En plus, elles ont souvent le dernier mot. J'apporte une certaine sensibilité surtout pour le côté esthétique. Les femmes sont moins agressives que les hommes. Mais, il n'y a pas de vérité, c'est surtout une question de personnalité et de feeling. Je n'ai jamais ressenti le sentiment de manquer de crédibilité aux yeux des clients.

Le secteur de l'automobile connaît des difficultés. Cela influence-t-il vos techniques de vente ?

Il est vrai que c'est plus dur cette année, même si ce n'est pas catastrophique. On a moins de passage, donc cela demande beaucoup plus d'efforts et d'investissements. Il faut être très présent et ne pas lâcher les clients. Mais la démarche reste toujours la même à savoir qu'il faut faire preuve d'humilité et bien connaître son client.

Allez-vous poursuivre votre carrière dans le monde de l'automobile ?

Oui, je l'espère. J'aurai désormais du mal à changer, car mon métier me plaît beaucoup. Je ne regrette pas d'être entourée principalement d'hommes. De plus, c'est un secteur dynamique en perpétuel renouvellement avec la sortie de nombreux véhicules tous les ans.

Recueilli par Lionel LE SAUX.