Total ne sent pas la crise

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Publié le: 13/02/2009 - Mis à jour le: 07/09/2023
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13,9 milliards de profits, Total ne sent pas la crise.

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Avec de tels bénéfices, le groupe pétrolier établit un nouveau record français. Comment se répartira l'argent ? Son magot attire bien des convoitises.

Bénéfices à ras bord. Le pétrolier affiche 13,9 milliards de profit net au robinet d'un chiffre d'affaires 2008 de 180 milliards d'euros. Plus 14 % ! Pour le premier groupe industriel français, l'année écoulée est celle d'un millésime tout simplement exceptionnel.

Et, pour tout dire, le plus gros profit jamais réalisé par un groupe français. « Formidable », s'est empressée de saluer Laurence Parisot pour le Medef, même si Total est encore loin d'être champion du monde. Exxon Mobil fait deux fois mieux dans le même secteur : 30 milliards d'euros !

Ça coule de source. Avec un baril qui s'est établi à 97 dollars en moyenne, contre 25 dollars en 2007 et des marges de raffinage élevées en Europe, cela devient mécaniquement juteux à la pompe. Même s'il estime que ces profits risquent de mettre « un certain temps » (sic) avant de revenir à la pompe, avec un baril assagi autour de 50 dollars, Christophe de Margerie, le directeur général, se dit « confiant » à traverser la crise sans avoir à réduire la voilure.


Ou va l'argent ? Le pétrolier envisage de maintenir son niveau d'investissement en y consacrant 12,4 milliards d'euros, grosso modo comme en 2008. Les dépenses iront surtout vers l'amont de la recherche production. Et peut-être dans les activités nucléaires, où le groupe souhaite désormais faire son trou.

Les actionnaires passeront eux aussi à la caisse. Ils récupèrent une hausse de 10 % des dividendes et, au total, 37 % du magot amassé l'an passé. Les salariés ? « Nous continuons une politique salariale de qualité », affirme le patron. Les emplois ? 9 000 embauches en 2008. « On va continuer à embaucher. »

La polémique gonfle. L'idée d'une super-taxe portée depuis plusieurs années par l'INC Que Choisir, relayée par Ségolène Royal pour le PS et Yves Cochet pour les Verts, refait surface. Sortir du nucléaire utiliserait volontiers une taxe exceptionnelle en faveur des énergies renouvelables. La CLCV estime qu'il serait juste que Total participe à un fonds pour aider les ménages confrontés à la hausse du prix de l'énergie.

Martin Hirsch veut des emplois. Le Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté demande au groupe pétrolier d'utiliser ses profits pour créer des emplois. « 14 milliards, combien d'emplois supplémentaires ça peut créer ? interroge-t-il. Et de préciser : « Ce n'est pas de l'anticapitalisme primaire. C'est simplement que la crise arrive. Adaptons nos comportements ».

Paul Burel, Ouest-France