Que deviennent nos épaves à quatre roues ? - samedi 18 novembre 2006

Actualité

Publié le: 20/11/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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En début de la chaîne de recyclage, la société Poirier accueille 1 800 véhicules par an. Garagistes et particuliers y puisent des pièces détachées.

Boum ! Un petit choc à l'avant, et voilà l'airbag qui jaillit du volant. Il n'en faut pas plus pour qu'une voiture d'un âge respectable soit déclarée « épave » par les experts en assurances. « C'est la procédure quand la réparation, avec les pièces à changer, coûte plus cher que la voiture elle-même », explique Mickaël Poirier, 33 ans, directeur de la société de déconstruction automobile mayennaise. Accidenté en Mayenne ou en Sarthe, le véhicule a de bonnes chances de finir sur son parking.

Sur un terrain de quatre hectares, derrière la façade de la société Poirier, en zone industrielle des Perrouins, environ 1 800 véhicules plus ou moins démolis sont rangés côte à côte, par marque. « C'est la quantité que nous collectons en un an, indique Mickaël Poirier, qui a repris la casse fondée par ses parents en 1979. Nous avons aussi des voitures en fin de vie. La loi impose de passer par des recycleurs agréés. Nous fournissons des certificats de prise en charge. La traçabilité est totale, de la sortie d'usine à la destruction. »

85% du poids d'une voiture doit être recyclé

Les voitures sont tout d'abord dépolluées, sur place. Vidées de leurs huiles, liquide de refroidissement, gaz de climatisation et batterie. Sur les modèles récents, les mécaniciens prélèvent des pièces détachées, destinées à être revendues à des garagistes et aux particuliers. Les carcasses sont alors cédées à l'entreprise de broyage la plus offrante.

Depuis le 24 mai 2006, une directive européenne stipule que 85 % du poids d'une voiture doit être recyclé. Chez le broyeur, les épaves sont réduites en miettes. Le triage des différents métaux et plastiques est effectué sur des chaînes automatisées.

Les deux matières redeviendront voitures. Ou mille autres objets eux aussi recyclables. « Le cours des métaux a grimpé en bourse, ils ont de la valeur, rappelle le déconstructeur. On achète donc les voitures accidentées. Avant, le propriétaire devait payer pour qu'on l'en débarrasse. »

Mais ce qui fait vivre l'entreprise, c'est d'abord la vente de pièces détachées. « Nous les appelons pièces de réemploi. Elles sont vérifiées et garanties. Mais tout n'est pas vendable, comme certains organes de sécurité. Là, il faut du neuf. Avec l'expérience, on sait ce qui est recherché. On démonte en fonction. »

À la demande d'un client qui veut réduire sa facture, certains garages acceptent de monter des moteurs, boîtes de vitesse ou éléments de carrosserie d'occasion. Les particuliers sont également clients. « Ils viennent surtout chercher des portières, capots et pièces de tableau de bord. Savoir changer des pièces de moteur, c'est plus compliqué, surtout sur les modèles récents, avec toute l'électronique embarquée. »

Julien BELAUD.