PSA : « On ne veut pas tomber dans la sinistrose »

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Publié le: 09/01/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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A la veille d'un nouveau comité d'entreprise exceptionnel, rencontre avec des salariés à la sortie de l'usine. Avec leurs inquiétudes et questions.

Ça changera quoi ? Difficile de trouver des salariés, au changement d'équipe de 13 h, qui acceptent de répondre à nos questions. Les gens quittent ou rentrent dans l'usine, les visages fermés, pressés. « De toute façon ça changera quoi que l'on vous dise ce que l'on pense » confie l'un d'eux, désabusé.

État d'esprit. « C'est resté le même que celui d'avant les vacances. L'inquiétude », confie Philippe qui travaille à l'atelier peinture. « Mais on essaie tout de même de ne pas tomber dans la sinistrose sinon on va craquer. » Pour ces deux prestataires extérieurs travaillant à la Janais, « on sent vraiment que le climat est tendu. Les salariés ne parlent que de ça. De la crise dans l'automobile. » Même avis de Philippe qui sort du ferrage. « C'est vraiment moyen-moyen. On redoute que le pire soit à venir. »

Navigation à vue. Fournisseur de PSA, Patrice note une détérioration des rapports. « Avant la crise, globalement, on travaillait sur des prévisions de livraisons à 6 et 9 mois. Aujourd'hui, nous sommes sur 3 mois maximum. Pratiquement de la navigation à vue qui nous fragilise. Et l'on sent bien que PSA a de plus en plus de mal à nous fournir des prévisions. Certains de nos interlocuteurs sont même incapables de répondre à certaines de nos questions. »

Dur de bouger ! Parmi les inquiétudes, celles liées au plan de départ volontaire concernant environ 1 750 personnes. « Si la direction ne trouve pas les 1 750 volontaires, qu'est ce qui va se passer ? » se demande Myriam. « Et nous n'avons aucune info sur ce point. C'est plutôt inquiétant. » Pour François, opérateur au montage, « ça va être dur de faire bouger les gens. Ici ce sont des Bretons qui n'ont pas l'habitude de bouger. Ils travaillent ici, vivent ici et ont fait construire ici. Sans parler des couples travaillant dans la même entreprise ou dans le même secteur. Allez demander à un gars qui a investi toutes ses économies pour acheter sa maison qu'il va devoir la vendre au rabais pour aller bosser ailleurs. Je n'y crois pas trop. »

La valse des directeurs. « L'annonce du départ de Denis Martin a surpris tout le monde », souligne Alain de l'atelier peinture. « On croyait qu'il était là pour mener à bien le projet Rennes 2010 et au bout de six mois, il s'en va. Pour moi, ce n'est pas rassurant de voir des patrons qui viennent et repartent de plus en plus rapidement. »

Rumeur. Ce vendredi matin, à 11 h 30, se tiendra un nouveau comité d'entreprise exceptionnel. Là encore, pas de quoi rassurer les salariés. « Ce n'est qu'une rumeur qu'on a entendue ce matin », explique Stéphanie qui travaille depuis 9 ans à la peinture. « On parle de trois semaines supplémentaires de chômage partiel en février et en avril. On verra bien. »

Samuel Nohra, Ouest-France