Points de vue. Amnistie des délits routiers : « NON, cela favorise les accidents » - lundi 12 février 2007

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Publié le: 01/03/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Claude Got, le lien entre une éventuelle amnistie et l'augmentation des tués sur la route est-il démontré ?

Il est démontré, et de manière scientifique ! Sur le site que j'anime avec quatre autres médecins (1), un graphique montre l'augmentation très nette du nombre de morts par accident de la route sur les mois de janvier, février, mars et avril qui ont précédé les élections présidentielles de 1988, 1995 et 2002. En comparant le nombre de morts aux mêmes mois de 1987, 1994 et 2001, on aboutit à 763 tués supplémentaires sur les routes de France. En janvier 2007 ? 48 morts de plus qu'en janvier 2006. Ce sont des chiffres précis, établis par des chercheurs. Rien à voir avec des conversations de bistrot.

Que répondez-vous à ceux qui voudraient amnistier les petits excès de vitesse ?

Qu'ils ont tort et là encore, ce sont les chiffres qui parlent. Comment a-t-on épargné 10 000 vies en cinq ans sur les routes de France, sinon par la généralisation des radars automatiques et la suppression de points sur le permis ? Les études les plus sérieuses montrent que si l'on augmente la vitesse de 1 %, la mortalité augmente de 4 %. Inversement, il est établi qu'en quatre ans, les Français ont réduit leur vitesse de 8 km/h en moyenne. La mortalité, elle, a chuté de 32 %.

De Charles de Gaulle à Jacques Chirac, comment l'amnistie a-t-elle pesé sur notre comportement au volant ?

En 1969 et 1974, le départ soudain du général de Gaulle, puis la brusque disparition de Georges Pompidou, ont donné lieu à des campagnes électorales resserrées dans le temps, qui n'ont pas permis aux automobilistes de spéculer pendant des mois sur une amnistie. En 1981, heureusement, la campagne électorale n'a pas été « pousse au crime ». Mais, pour 1988, 1995 et 2002, j'accuse certains magazines spécialisés dans l'automobile d'avoir incité leurs lecteurs à tabler sur une amnistie, et donc à appuyer sur le champignon. Cette année, les principaux candidats à la présidentielle semblent enfin faire acte de courage en annonçant qu'il n'y aura pas d'amnistie.

Claude Got, professeur honoraire de médecine, spécialiste en accidentologie.

.(1) www.securite-sanitaire.org