Pas plus de six jours de suite au volant du car

Actualité

Publié le: 22/03/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
Après le 11 avril, les chauffeurs de car de tourisme européens devront se reposer après six jours de conduite. Au grand dam des patrons.

« C'est la première fois que je vois une manifestation contre l'Europe sociale ! » Le bruyant défilé de plus de 500 cars, le 14 mars, dans les rues de Bruxelles, a surpris ce haut fonctionnaire de la Commission. Ce jour-là, les patrons de sociétés d'autocars, venus de plusieurs pays européens, ont protesté contre une disposition obligeant les chauffeurs de tourisme international à prendre un jour de repos après six jours de conduite.

Ce nouveau règlement, qui rentrera en vigueur le 11 avril, s'appliquera aux 27 membres de l'Union. Les transports de passagers s'alignent ainsi sur ceux des marchandises afin d'améliorer la sécurité routière et les conditions de travail des conducteurs. Depuis 1985, la législation autorisait la conduite des cars de grand tourisme pendant douze jours consécutifs au maximum sur deux semaines.

« La suppression de cette possibilité est une mesure inepte », dénonce la Fédération nationale des transports de voyageurs. La FNTV, qui représente près de 1 500 sociétés françaises de transport par autocar, redoute des « conséquences dramatiques pour l'emploi, les entreprises et le secteur du tourisme en général ».

« C'est très pénalisant. Nos coûts vont s'accroître de 8 à 15 % », souligne Philippe Plantard, délégué régional de la FNTV Bretagne. La FNTV redoute également des difficultés d'organisation des circuits touristiques ou des séjours linguistiques avec des scolaires d'une durée supérieure à six jours. L'engagement d'un second chauffeur les rendra moins compétitifs, alors qu'ils subissent déjà la concurrence des vols à prix cassés.

« On sait aussi qu'une certaine complicité se noue entre le groupe et le chauffeur après quelques jours ensemble. Si l'on doit changer de conducteur avant la fin du voyage, cela nuira à la convivialité et pourra jouer sur les pourboires », ajoute Philippe Plantard. L'argument sécurité ne convainc pas, non plus, la FNTV. « On ne peut pas dire que le précédent dispositif ait été directement à l'origine d'accidents. »

Pour Pascal Flipeaux, délégué CFDT transport voyageurs du Morbihan, ce nouveau règlement représente « une sacrée avancée ». « Je suis satisfait car toute l'Europe est logée à la même enseigne. C'est aussi une remise à plat de la réglementation qui devra maintenant s'appliquer, ce qui n'était pas parfaitement le cas partout. Fini de jouer ! Les sanctions seront les mêmes dans tous les pays. »

François VERCELLETTO.