Les wingers, fondus de motos et d'espaces

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Publié le: 22/01/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Leur dada, c'est la Goldwing. Une cylindrée format XXL, spécialement conçue pour les longues escapades. Vêtements griffés du logo aux ailes dorées, ces passionnés se retrouvent régulièrement pour parler pistons et tailler la route. On the road !

Sirènes poussées à fond, moteurs qui vrombissent, drapeaux au vent : un cortège d'une quarantaine de grosses motos prend d'assaut le centre de Guer (Morbihan). Après un tour de rond-point, tous s'alignent en ordre sur le bas-côté de la route. « Il y a des mecs qui font les malins, qui roulent vite, font du bruit ou s'amusent à faire des cabrages... Ce n'est pas notre genre. Nous, on sait se tenir. »

Dans le monde des motards, on les appelle les « wingers ». Comprenez des motards férus de Goldwing, une des plus imposantes motos du marché. Véritable « monospace des deux- roues », la Goldwing se caractérise par son imposante masse et ses équipements tout confort. GPS, ABS, airbag, marche arrière, poste radio et CB : tout a été pensé pour rendre le voyage agréable. « Alors oui, les gens se moquent. On nous dit : 'Et la télé, elle est où ?' Généralement, je réponds que je l'ai rangée dans les sacoches avec le lecteur DVD. Ça scotche le gars ! », lâche dans un éclat de rire Bruno Sesia, dit « Cesario ». La contrepartie de ce luxe : le prix et le poids de la Goldwing. Les 360 kg de la petite dernière (en 1 800 cm3) se négocient aux alentours de 30 000 €. Sans les accessoires.

Lunettes sur le coin du nez, pantalon en cuir et blouson noir sur le dos : François-Alain Gourmelen surveille le défilé des motards. Il préside le Goldwing club Bretagne/Pays de la Loire. L'association compte près de 120 membres et est affiliée à la très officielle Fédération des Goldwing-clubs de France. À l'occasion de la bénédiction des motos de Porcaro, le 15 août dans le Morbihan, lui et ses membres ont reçu leurs homologues de la France entière. Au programme : débats mécaniques, balade et pique-nique.

Certains « wingers » arrivent de Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Picardie... Benoît Jeannot, alias K'méléon, débarque d'Épernay, avec son épouse Lysiane (Leloo) à bord de leur 1 800 cm3 rouge. Leur yorkshire B'twin a fait le voyage dans une petite cage bien accrochée aux porte-bagages. Tous affichent sur leurs vêtements le même logo aux ailes dorées. Signe de leur appartenance au Goldwing Club France. « La couleur noire est celle de la fédération. Chaque association a ensuite ses propres couleurs. Les Ch'tis sont en orange, les Bretons en gris, les Normands en rouge... » Autres signes de distinction chez les wingers : les badges accrochés aux casquettes et blousons. Des récompenses témoignant des participations aux meetings de motos. « Comme chez les scouts ou dans l'armée : ce sont les plus gradés qui en ont le plus », s'amuse Cesario.

Dans le milieu de la moto, les Wingers essuient quelques critiques. « Ce n'est pas parce qu'on a une Goldwing qu'on est plein aux as, regrette le président breton. Il n'y a pas que des médecins ou des avocats qui roulent avec. La classe sociale, on s'en fout. Y'a des boulangers, des maçons et des ouvriers à la fédération. Des gars passionnés avant tout. »

Autre sujet de moquerie : la moyenne d'âge des membres du Goldwing Club France. « Ça oscille entre 29 et 65 ans. Mais la plupart des membres ont 45-50 ans, précise Jean-Luc Gicquel, secrétaire du club breton. Les jaloux disent que la Goldwing est une moto de papa. Mon fils me charriait. Mais depuis qu'il en a testé une, il est accro. »

Et madame dans tout ça ? « La Goldwing, c'est une affaire de couple. Le prix demande déjà que les deux parties soient d'accord. Et puis, on est bien à l'arrière. » Mais toutes ne restent pas passagères, paisiblement bercées par de la musique bretonne sortant des enceintes ou assourdies par du rock. Sylvie Polus « Clochette », une petite blonde hyperactive de 46 ans, conduit des gros cubes depuis ses 19 ans. « Dans les clubs, on voit des femmes motards. Les wingers ne sont pas des méchants machos. »

Source : Ouest-France - Jérémy Paradis
Photos : Jean-Michel Niester et Maxime Letertre


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