Les États-Unis offensifs sur les agrocarburants

Actualité

Publié le: 25/09/2007 - Mis à jour le: 07/04/2015
P1271_070925.jpg
P1271_070925.jpgDans les dix ans qui viennent, les États-Unis veulent produire 120 milliards de litres de biocarburants. Dix fois plus qu'aujourd'hui.

C'est clair, les États-Unis ne reviendront pas en arrière sur leur politique de biocarburants. Il faut donc, d'ores et déjà, anticiper sur toutes les conséquences possibles. « Nous avons adopté plusieurs lois sur les biocarburants dont le Énergy act en 2005, » dit Mélinda Meador, conseiller aux affaires agricoles de l'ambassade des États-Unis en France. Expression de leur volonté de développer ce secteur énergétique. Sans pouvoir préciser le montant global des investissements, 128 usines de production de biocarburants sont prévues dans tout le pays, sur lesquelles une quarantaine sont déjà construites et en fonctionnement et 84 en cours de construction.

« En 2006, ajoute-t-elle, nous avons produit 20 milliards de litres de biocarburants, principalement de l'éthanol provenant pour 97 % du maïs. » Pour autant, cette production représente moins de 2 % de la consommation de pétrole de ce pays. Mais cette quantité « transforme déjà 15 à 20 % de la récolte de maïs, et il est prévu d'en utiliser beaucoup plus à l'horizon 2012, » précise Mélinda Meador. Du coup, le prix du maïs s'est envolé de 20 %.

Crédit d'impôt

Pourquoi cet engouement pour les biocarburants ? « Le prix du pétrole a doublé ces deux dernières années, dit-elle, et l'Administration a pris des mesures financières, comme un crédit d'impôt, pour inciter le consommateur à utiliser plutôt du pétrole mélangé à de l'éthanol. » Le gouvernement a aussi décidé de réduire de 20 % la consommation d'essence dans les dix années qui viennent. Les perspectives sont considérables. Il ne s'agit, pour l'instant, que de biocarburants de première génération, c'est-à-dire, issus de céréales. « Mais nous étudions les possibilités que nous offrent les biocarburants de seconde génération, c'est-à-dire à partir des sous-produits forestiers, poursuit-elle. Dès lors, nous pourrons en produire non seulement au centre du pays, dans la région céréalière, la corn belt, mais dans tout le pays. » Il y aurait déjà six projets en cours de développement en Géorgie, en Californie, dans l'Iowa.

Dèjà, John Deer, premier producteur mondial de machines agricoles, a monté une ligne de production de moteurs destinés à intégrer 10 % de biocarburants. « Pour l'instant, il ne s'agit que de petits matériels agricoles et de jardinage, » précise LuAnn Haydon, de John Deer. Mais, cette firme affiche d'autres ambitions. Elle veut produire des moteurs pour les gros engins de travaux publics qui fonctionneront avec 25 % d'éthanol.
br> Jean LE DOUAR.