Les bijoux de Royal Automobile

Actualité

Publié le: 30/12/2008 - Mis à jour le: 10/04/2015
P2432_081230.jpg
P2432_081230.jpg
Une Lamborghini vendue à Christophe, une Maserati à Maurice Ronet, une Jaguar tout alu à Johnny... C'est Royal automobile !

À l'heure de la crise, le garage baulois spécialisé dans les voitures d'exception voit son chiffre d'affaires progresser de façon significative... Cela est presque indécent en cette période de crise économique. « Chez nous, les clients sont des passionnés ou des collectionneurs. Le coup de coeur et la rareté des modèles de prestige les guident. Le prix n'est que secondaire ». On reste pantois devant ce constat presque provocateur. Et pourtant ! En ces temps de fêtes, avenue des... Noëlles dans la ZA de Beslon, le rêve est permis.

C'est en 1977 que Jean-Paul Guillet, natif de Saint-Marc, s'installe à La Baule et réalise son rêve d'avoir son propre garage. Formé à l'école technique Garac à Argenteuil, une sérieuse référence, il travaille sur Paris et se forge une solide réputation de mécanicien hors pair. « À cette époque, il n'y avait pas de marché pour les voitures anglaises ou italiennes des années 50 ou 60 qui étaient ma passion. J'étais un pionnier. J'ai démarré avec un seul ouvrier, Eric Arel, qui est toujours à mes côtés aujourd'hui ». Au fil des ans, les Jaguar, Aston Martin, Austin Healey et autres Ferrari, Lamborghini ou Maserati retapées à neuf envahissent le hall d'expo. « Lors du Concours d'élégance de la ville de La Baule, on prêtait une quinzaine de voitures. »


De très belles pièces...

Durant les années 80, il crée une nouvelle activité avec les canots prestigieux Riva, ces runabouts en bois d'acajou vernis. De pures merveilles d'esthétisme. « En 1997, par hasard, sur un quai de Saint-Malo, j'ai découvert le Vanity V, un fife de légende, un 12 m JI qui pourrissait lentement. Pendant 3 ans, il a été restauré par le chantier brestois Guip. Il a été skippé par Marc Pajot. Je l'ai vendu à un milliardaire danois. »

L'entreprise de Jean-Paul Guillet a compté jusqu'à 13 salariés en travaillant en sous-traitance pour la carrosserie, peinture et sellerie. Elle a acheté, restauré et vendu de « belles pièces » comme la Lamborghini du chanteur Christophe, la Maserati de Maurice Ronet ou la fameuse Jaguar « tout alu » de Johnny Halliday. Pour les connaisseurs, le hangar de la banlieue bauloise a abrité des Aston Martin cabriolets DB4 à DB6, des AC Cobra et Bristol, une Maserati Mistral coupé cabriolet, et même une voiture de course Alpha Roméo 1750 SS de... 1929. Bon an mal an, 70 à 80 voitures ayant subi une cure de jouvence sortent des ateliers. La partie bateau représente 10 à 15 % du CA de 4 millions € atteint l'an passé.


Une Porsche à dépannersur le champ !

Hormis le show-biz, la clientèle est constituée en partie par de riches hommes d'affaires des bords de la Méditerrannée. « J'ai un client qui m'a acheté un modèle haut de gamme. Il y a quatre ans de cela. Il est toujours là. De temps à autre, il me téléphone et me demande de le faire rouler ». Jean-Paul s'exécute. Avec 30 ans de métier derrière lui, le carnet d'adresse de Jean-Paul Guillet a une valeur inestimable. Il tient dans un vieil agenda « pourri » et un petit calepin noir tout « dépenaillé ». Pourtant, derrière lui trône un ordinateur portable flambant neuf mais... fermé. « Oui, mais il est branché. Je vais m'y mettre, la retraite est proche » confie un Jean-Paul malicieux. Depuis quelque temps, il s'est entouré de deux jeunes associés, Thierry Artignan et Nicolas Querard qui, eux, se « baladent » sur la toile, un outil indispensable qui dope les ventes.

Un coup de fil intempestif interrompt notre entretien. Le propriétaire d'une Porsche est en panne dans la « pampa » environnante. « Dans 10 minutes je suis là. Je vais voir ce que je peux faire. »

L'heure est venue de ramasser le stylo et de s'éclipser discrètement dans une « caisse » devenue modeste.

Ouest-France