Le cannabis tue 230 personnes par an sur les routes

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Publié le: 13/02/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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P2545_090213.jpgDes tests salivaires traquent la drogue au volant.

Les gendarmes ont utilisé leurs premiers kits de dépistage ce week-end. Les policiers aussi en sont pourvus depuis peu.

Des tests plus rapides, plus pratiques. Le cannabis tue 230 personnes par an sur les routes, affirme une étude de la Sécurité routière. Jusqu'ici, pour dépister la conduite sous l'emprise de drogue, les policiers et gendarmes n'avaient recours qu'aux tests urinaires, qui nécessitent la présence d'un médecin et d'un camion médicalisé. Un procédé compliqué. Ces dernières semaines, les policiers manchois ont reçu plusieurs kits salivaires, ainsi que les gendarmes, grâce à un crédit préfectoral sécurité routière. Combien ? Le chiffre ne nous a pas été dévoilé.

Comment ça marche ? Le test se décompose en trois parties. Le conducteur renifle d'abord un embout aromatisé à la fraise. Pour le faire saliver. Les forces de l'ordre placent un bâtonnet, ressemblant à un coton-tige, quelques secondes dans sa bouche. Le bâtonnet, trempé dans un liquide, réagit après 8 minutes maximum. Il change de couleur en cas de contrôle positif au cannabis, à l'ecstasy, aux amphétamines, à l'héroïne ou la cocaïne. Un test sanguin est ensuite pratiqué pour confirmer la présence de drogue et sa nature. Contrairement au dépistage de l'alcool, pas de seuil. Une présence, même infime de drogue, est répréhensible.

Combien de temps la drogue reste-t-elle dans la salive ? Avec les tests urinaires, il n'est pas possible de savoir quand la personne contrôlée a consommé du cannabis pour la dernière fois. Un consommateur quotidien peut conserver des traces dans ses urines jusqu'à deux mois après sa dernière consommation. Dans la salive en revanche, les traces de stupéfiants ont une durée de vie de dix heures environ, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Dans le sang, la drogue reste encore moins. Le cannabis y serait fixé entre deux à quatre heures. La cocaïne, entre 6 à 12 h.

Quelle est la peine infligée ? La personne testée positivement peut être soit poursuivie pour conduite sous l'emprise de stupéfiant si elle en a consommé avant de prendre le volant. La peine peut aller jusqu'à 4 500 € d'amende, deux ans de prison, annulation du permis de conduire. Si en plus, la personne a dépassé les 0,5 g/l d'alcool dans le sang autorisé, cette peine double. Le parquet peut aussi poursuivre pour usage de stupéfiant si l'automobiliste en a consommé, par exemple, les jours d'avant.

Quand les gendarmes peuvent utiliser ce kit ? Ce contrôle est obligatoire en cas d'accident mortel, ainsi que pour les accidents corporels si l'on suspecte que l'un des conducteurs en a consommé. « Ensuite, il est possible d'y recourir sur toutes personne en infraction au code de la route, ou si le conducteur nous laisse penser qu'il a pu consommer de la drogue : yeux rouges, odeur dans la voiture », ajoute le capitaine Philippe Bondi, patron de l'escadron départemental de sécurité routière.

Réellement dissuasif ? « Je crois que ça coûte cher et que, du coup, ils ne peuvent pas en utiliser beaucoup... », relativise un jeune étudiant, croisé sur une manif. Acheté par lot de 500, un kit revient en effet à 20 €. Un ami confie, lui, qu'il « fera quand même peut-être plus attention. »

Nadine Boursier, Ouest-France