La Twingo de Renault a un fort accent slovène

Actualité Renault Twingo

Publié le: 27/04/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
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P1075_070427.jpgLa première était assemblée exclusivement à Flins. La nouvelle, qui sera vendue en juin, le sera tout aussi exclusivement... à Novo Mesto, en Slovénie.

NOVO MESTO (de notre envoyé spécial).- Le compte à rebours est lancé. Dans un mois et demi, le 15 juin précisément, la nouvelle Twingo sera dans les concessions, en France, en Italie, en Slovénie, et dans toute l'Europe d'ici à la fin de l'année. Prête à en découdre avec des concurrents nombreux et agressifs : C1, 107, Aygo et bientôt Fiat 500. Son prix ? « Compétitif », se contente d'indiquer Patrick Blain, le directeur commercial de Renault... Disons autour de 8 500 €.

Retardée d'un an parce que le big boss Carlos Ghosn ne trouvait pas sa première silhouette très sexy, la nouvelle Twingo doit assumer le bel héritage laissé par la petite originale des années 1990, même si le succès engrangé (2,4 millions d'exemplaires) s'est avéré finalement très franco-français.

Une cible plus large

À vrai dire, elle a même reçu un carnet de route très clair. Elle a trois impératifs. Partir à la conquête de l'Europe, le seul marché domestique qui vaille désormais. Attirer un peu plus les jeunes qu'elle ne le fait. Rompre aussi avec un « féminisme » un peu trop prononcé. Actuellement, deux acheteurs sur trois sont des acheteuses.

Pour arriver à ses fins, Renault a mis tous les atouts de son côté, pas seulement un design remusclé, l'arrivée d'une motorisation diesel, etc. Le groupe s'est notamment mis au goût du jour qui veut que l'industrie automobile file à l'Est. La première génération de Twingo est née et s'est développée à Flins. La seconde est née et grandira exclusivement à Novo Mesto, près de Ljubljana. Renault a mis un ours slovène dans son moteur.

Faut-il s'en étonner ? L'usine de Novo Mesto, qui vient d'embaucher 700 salariés de plus pour produire la nouvelle voiture, cumule un certain nombre d'arguments. Elle assemble déjà la Clio 2. Elle permet donc, d'emblée, de faire des économies puisque la Twingo est produite sur la même chaîne (plate-forme) et en partie avec des pièces communes. Elle propose surtout des avantages comparatifs plutôt solides. Côté productivité globale d'abord, mesurée en temps de production d'un véhicule. L'usine ne cède la première place qu'à celle de Palencia, en Espagne, qui assemble la Mégane. Côté coûts ensuite. C'est simple, « ici le salaire moyen tourne à 1 100 € bruts, précise Marcel Brouiller, le directeur de l'usine. Alors que le coût horaire (charges comprises) est trois fois inférieur à celui de la France. Côté temps de travail encore. Les 35 heures, l'ouvrier slovène connaît pas. La semaine de 40 heures effective est de mise.

Pour faire bonne mesure, le centre d'assemblage slovène, qui achète 60 % de ses pièces dans les pays voisins, joue sur une paix sociale royale. « Il n'y a pas de culture conflictuelle dans l'entreprise », note laconiquement le patron de l'usine. Comprenez : il n'y a jamais de grève.

Ultime argument de vente, et ce n'est pas le moindre, prendre pied en Slovénie, ce n'est pas seulement accéder à un marché tout acquis à la marque française (23 % des ventes). C'est s'implanter au coeur et au carrefour des marchés européens du futur. En Europe de l'Ouest on a fait le plein d'automobiles. Donc les marchés et les constructeurs filent à l'Est. Et pas question, pour Renault, de se laisser distancer. Le groupe a déjà suffisamment pris de retard.

Paul BUREL.