Ils fabriquent la Logan, ils veulent en vivre

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Publié le: 28/03/2008 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Un grain de sable dans la success-story : depuis quatre jours, les salariés de l'usine Dacia de Pitesti (Roumanie), où est produite la voiture à bas coût de Renault, sont en grève.

Mioveni. De notre correspondante

Grève illimitée, production arrêtée. Les 13 000 employés de l'usine réclament une hausse de salaire de près de 60 %. Et sont déterminés à ne pas céder. Sur les hauteurs de Mioveni, petite ville à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bucarest, l'usine Dacia a des allures de ville morte. Le site est désert : depuis lundi, le principal syndicat du constructeur automobile roumain racheté par Renault en 1999, a lancé un mouvement suivi par près de 80 % des employés. Depuis quatre jours, aucune Logan n'est sortie des lignes de production où sont habituellement assemblés 1 000 véhicules jour.

« Qu'ils arrêtent de nous mentir! »

En contrebas, face à la maison de la culture, c'est au contraire l'effervescence. La place est noire de monde : entre 3 000 et 5 000 manifestants crient leur colère et leur détermination. Les drapeaux flottent, sifflets et tambours assurent l'ambiance et ponctuent chaque discours des syndicalistes installés au balcon.

« Unité, unité », scande la foule à pleins poumons, avant de reprendre le slogan phare de la manifestation : « Nous ne céderons pas ! ». « Cette fois, c'est la mobilisation générale », sourit Aurica Striblea, une ouvrière bien décidée, comme ses collègues, à obtenir l'augmentation de salaire de 550 lei brut (148 euros) qu'ils réclament. Une hausse qui porterait le salaire moyen brut dans l'entreprise à 435 € (285 actuellement).

Si ces revendications salariales peuvent paraître considérables, elles sont largement justifiées aux yeux des salariés roumains, au vu de l'augmentation du coût de la vie, de l'accélération des cadences de production et surtout de l'incroyable succès de la Logan, vendue à plus de 230 000 exemplaires l'an dernier. En janvier et février, les ventes ont bondi de 62 % par rapport à l'an passé.

Les petites mains de chez Dacia aimeraient bien profiter elles aussi de ce succès. « Qu'ils arrêtent de nous mentir, Dacia est la branche la plus rentable de Renault, la Logan se vend dans le monde entier, ils font des profits énormes et nous, on devrait continuer à gagner moins de 250 € par mois ? Alors qu'on nous demande de produire toujours plus et plus vite ? », s'emporte Norel Cercel, le poing levé.

Pour l'heure, Dacia refuse de commenter les chiffres estimant ses pertes à 10 millions d'euros par jour et assure que la livraison des Logan n'est pas affectée. La direction a fait, hier, une nouvelle offre, proposant « une augmentation brute de 250 lei, une prime sur les résultats et le recrutement d'une nouvelle équipe pour assurer la production en continu le week-end », selon Silviu Ion, chargé de la communication de Dacia.

Un nouveau pas en avant encore insuffisant. « Nous voulons plus », martèle Ion Iordache, vice-président du syndicat, « nous sommes prêts à négocier mais tant que nous n'aurons pas obtenu une proposition convenable, nous ne céderons pas. » À Mioveni, le bras de fer est peut-être parti pour durer.

Source : Ouest-France M. Guyonvar’ch