GPS : ils tracent la route pour préparer la vôtre

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Publié le: 28/07/2008 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Pour actualiser les cartes des GPS, rien ne remplace la visite sur le terrain. Des équipes passent ainsi leur temps à sillonner le réseau routier dans des fourgons équipés de caméras. Une vie de voyageurs professionnel que mènent deux jeunes Polonais.

BORDEAUX - La semaine dernière, c'étaient les petites routes du Pays basque. Aujourd'hui, direction l'Espagne et sa capitale, Madrid. On s'arrêtera pour dormir à Irùn. Ou bien à Pampelune. L'hôtel? Il sera toujours temps d'y penser. Pourvu que ce ne soit pas la même galère qu'à Biarritz : impossible de trouver un lit à cause de la fête de la Musique. Il avait fallu se rabattre sur l'arrière-pays. Ainsi va la vie d'Anna et Lukasz. Jeunes, Polonais. Et amoureux, car il vaut mieux avoir du sentiment quand on vit collés l'un à l'autre, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.


Depuis trois ans, Anna et Lukasz sont filmeurs de routes pour le compte de la société Tele Atlas. Ils passent leur temps à se balader en Europe. Sont même payés pour cela. Si, sur votre GPS, vous voyez que la rue du Château, à Carpentras - n'allez pas chercher, c'est un exemple - est maintenant à sens unique, c'est grâce à eux. Si vous apprenez que la bretelle de sortie sud d'autoroute à Manheim (Allemagne) a été modifiée, c'est qu'ils sont passés par là. Eux, ou une des vingt-trois équipes que déploie en Europe cette société basée en Belgique.


Huit à dix heures par jour, à bord de leur petit Fiat Scudo, ils roulent. Sur le toit, cinq caméras mitraillent devant, derrière et sur le côté. Trois photos par seconde. Rien ne leur échappe. Pas un panneau de limitation de vitesse, pas un nom de rue, pas un fléchage au sol qui n'entre dans la mémoire des disques durs, logés dans une armoire, à l'intérieur du fourgon. Et même, bientôt, les numéros des maisons !


Les données sont ensuite envoyées à un sous-traitant indien qui se charge de leur exploitation. Là-bas quelque part sur le sous-continent, des centaines de petites mains analysent les images une à une. Les corrections et les informations nouvelles sont introduites dans les cartes numérisées, vendues à Tom Tom, Google ou Mappy. C'est le marché de la cartographie, dominée par deux sociétés, Navteq et Tele Atlas. En plein boom depuis l'explosion du GPS, ce fameux système de géolocalisation par satellite.


Les autoroutes et les nationales sont visitées systématiquement chaque année. Le réseau urbain, par tranche d'un tiers. Quant au reste, 1,5 million de kilomètres de voirie en France, impossible de toutes les faire. Tele Atlas a des accords avec les collectivités locales, les directions de l'Équipement, les sociétés d'autoroutes pour être prévenus des modifications et établir en conséquence son planning de visites.


En début de mission, Anna et Lukasz reçoivent une carte où les routes à parcourir sont en noir. Au fur et à mesure de leur passage, les tracés virent au vert. À eux de s'organiser comme ils veulent, pourvu qu'à la fin, il n'y ait plus de noir. En général, c'est Anna qui conduit. Lukasz fait le copilote et vérifie sur un écran d'ordinateur que les images des caméras sont de bonne qualité. Gare à la pluie, la neige ou le brouillard qui les contraignent au chômage technique ! Sinon, il faut rouler doucement, surtout quand la lumière n'est pas de bonne qualité.


« Nos missions durent trois semaines. Ensuite, nous rentrons chez nous à Varsovie pour deux semaines de congé », explique Anna. Pour le Pays basque, ils sont arrivés à Bayonne en avion. Et repartiront de même, depuis Madrid, après leur périple espagnol. « Nous faisons ce travail depuis trois ans. Avant, j'étais professeur d'anglais et Lukasz avait des petits boulots, après des études d'économie, raconte la jeune femme. Au début, on nous avait donné des camping-cars. Une fausse bonne idée, car on en a vite eu assez de travailler, dormir, manger toujours dans le même espace. » Le petit fourgon Fiat et la vie d'hôtel leur conviennent mieux.


Lukasz garde un souvenir lumineux de la Suède, les paysages, la gentillesse des gens. Et rêve de Finlande, de Norvège. Sa compagne avoue un penchant pour le sud de la France et l'Italie. Le couple compte sillonner les routes d'Europe encore quelques années, jusqu'à plus soif de voyages et de découvertes. Pour l'heure, Madrid les attend. Ils ne connaissent pas et se font une joie de visiter, touristes appointés mais pas moins curieux pour autant.


Ouest-France, Marc MAHUZIER.


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