General Motors nationalisé après sa faillite

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Publié le: 02/06/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Un vrai séisme au pays de la libre entreprise et de la voiture reine. Lourd de conséquences sociales avec des dizaines de milliers d'emplois supprimés.

La plus grosse faillite de l'industrie américaine. General Motors a déposé officiellement son bilan hier. Cette décision, attendue, ouvre la voie à la restructuration du premier constructeur automobile américain.

Une nationalisation de fait, puisque l'État recevra 60 % du capital de la nouvelle société. La contrepartie de son aide financière de 30,1 milliards de dollars (21,2 milliards d'euros), qui s'ajoutent aux 20 milliards versés (en pure perte) entre décembre et avril.

Le Canada et sa province de l'Ontario, où GM possède de nombreuses usines, avanceront 9,5 milliards de dollars. Et deviendront actionnaires à hauteur de 12,5 %. Le fonds à gestion syndicale, chargé de financer la couverture médicale des retraités, détiendra 17,5 % du capital. Enfin, 10 % reviendront aux détenteurs d'obligations.

Government Motors

Aux trois quarts propriété des pouvoirs publics, GM est déjà surnommé ironiquement Government Motors. Pour autant, le président Obama a assuré, hier : « Notre objectif, c'est de remettre GM sur pied, de nous tenir à l'écart et de nous désengager rapidement. » L'administration Obama n'entend pas s'immiscer dans la gestion quotidienne.

Elle se donne 90 jours, au maximum, pour sortir le nouveau GM du redressement judiciaire. Au prix d'une sévère cure d'amaigrissement pour conduire l'entreprise sur le chemin de la rentabilité. GM confirme la fermeture de onze usines. Et trois autres seront au chômage technique.

Alors que le groupe comptait encore 244 000 salariés dans le monde à la fin de 2008, il prévoit de ramener ses effectifs à 200 000 cette année. Très loin du pic de 605 000 atteint en 1962. Et le réseau de concessionnaires devrait fondre de 40 %. Sans parler des conséquences pour les multiples sous-traitants.

Le but est clair. « Nous espérons voir GM avec un bilan où l'endettement pèsera beaucoup moins lourd, et capable d'être compétitif », souligne un responsable gouvernemental. Précisément, General Motors devra être rentable avec un marché américain de dix millions de voitures, alors qu'il perdait encore de l'argent quand il se vendait seize millions de voitures par an aux Etats-Unis.

Ce qui passe par une évolution de la gamme. « J'espère que l'État ne poussera pas GM à fabriquer des modèles hybrides (moteur à essence et électricité) juste pour le principe, mais parce que c'est une bonne stratégie commerciale, explique un expert américain. Ce qu'il faut à GM, c'est concevoir et produire un véhicule qui dure plus longtemps qu'une Toyota, avec des coûts d'entretien plus faibles. »

Fiat aux commandes de Chrysler

Autre fleuron de l'automobile américaine, Chrysler, qui a déposé son bilan il y a un mois, change de pilote. Dans la nuit de dimanche à lundi, le juge des faillites a approuvé la cession des actifs à Fiat. Le nouveau Chrysler sera détenu à 20 % par le constructeur italien (avec une option pour monter à 35 %), à 68 % par le syndicat automobile UAW et à 12 % par les gouvernements américain et canadien. Reste que des fonds de l'Indiana ont fait appel de la décision de justice. Les concessionnaires pourraient aussi lancer des recours. Le temps presse. Fiat a fait savoir qu'il pourrait jeter l'éponge si aucun accord n'est en place au 15 juin.

(Source : Ouest-France, François Vercelletto)