Essence : le coup de pompe des automobilistes

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Publié le: 11/01/2008 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Avec la flambée du prix de l'essence, les automobilistes comparent de plus en plus les stations. Quitte à faire des kilomètres supplémentaires pour remplir le réservoir.

Prime aux grandes surfaces. « Avant, les gens prenaient la première pompe venue. Maintenant, quand ils ont besoin de carburant, ils y regardent à deux fois. » Dixit Julien, pompiste à la station du Leclerc, route de Bonnétable, dont les clients comparent de plus en plus les prix sur internet avant de remplir le réservoir : « Dès qu'on baisse de quelques centimes, c'est le défilé. Certains font un crochet de plus de dix kilomètres pour aller dans la station la moins chère. J'en ai même vu faire vingt kilomètres pour un plein à prix coûtant. » Absurde. Et rude pour les pompistes indépendants : les petites stations de campagne ne peuvent pas beaucoup stocker. Et les grandes surfaces mettent la pression pour attirer le chaland.

Francis Pousse, patron de la station Esso de l'avenue Nationale, à Arnage, confirme : l'an dernier, 10 % de sa clientèle s'est envolée. « Les gens raisonnent à court terme, déplore Francis Pousse. Souvent, les carburants des grandes surfaces sont de moins bonne qualité. Les gens devraient se renseigner. Avec de bons additifs, à quantité égale, on roule plus longtemps. Il y a moins d'imbrûlés qui s'en vont. » Résultat : un meilleur rendement. Et moins de pollution. « C'est comme un poulet de batterie et un poulet de Loué. Les deux sont aux normes pour l'hygiène, mais il y a un qui est meilleur. »

Au coup par coup. « Il y a aussi beaucoup de clients qui attendant les baisses. Mais ça augmente toujours, constate le pompiste du Leclerc de la route de Bonnétable, qui voit moins de gros pleins : « C'est plus du coup par coup. Une dizaine d'euros par ci, une dizaine d'euros par là. » C'est le cas de Maryline, blouson Adidas, venue verser 30 € de SP95 dans sa R19, au Champion de l'avenue Olivier-Heuzé. Depuis deux mois, cette intérimaire, dont le revenu tourne à 500 € par mois, compare systématiquement trois stations : Auchan, Super U et Champion. « Il y en a toujours une moins chère que l'autre. Ce n'est pas beaucoup, mais quand on gagne peu, on n'a pas le choix. Je mets 30 € pour avoir un minimum dans le réservoir, si on m'appelle pour un boulot en urgence. »

Prise de conscience. Toujours d'après Julien, pompiste du Leclerc, « il y a une prise de conscience. De plus en plus de clients nous disent qu'ils vont prendre plus souvent les transports en commun ». Lâcher le volant ? « En ville, j'essaie d'aller le plus possible à pied », confie Éric, médecin, qui fait son plein dans les grandes surfaces, « parce que c'est moins cher » : « S'il n'y avait pas tout le matériel pour les visites, je me mettrais peut-être au vélo. » Anita, pompiste au Champion de l'avenue Olivier-Heuzé, confirme : « Les gens circulent moins, même le week-end. Moi la première, je vais moins me balader qu'avant. »

Jérôme LOURDAIS.