Du carburant vert dans nos automobiles - lundi 27 février 2006

Actualité

Publié le: 27/02/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Coup d'accélérateur sur l'éthanol et le diester, des biocarburants produits par l'agriculture. Et, pourtant, on n'est pas au Salon de l'auto !

Renault, Saab, Ford, Peugeot... Berlines et coupés rutilent de tous leurs chromes au parc des expositions de la porte de Versailles. Non, nous ne sommes pas au Salon de l'automobile, mais bien au Salon de l'agriculture. Ces voitures, essence ou diesel, font la promotion des biocarburants issus de la fermentation des blés, betteraves et maïs (l'éthanol) et autres colzas et tournesols (le diester) cultivés dans nos champs.

« Au Brésil, 7 voitures sur dix roulent avec de l'alcool produit avec la canne à sucre, explique Sophie Marquis, chargée de mission sur les biocarburants à l'AGPB (Association générale des producteurs de blé). En 30 ans, ce pays s'est largement affranchi de ses importations de pétrole. En France, des constructeurs comme Renault sont maintenant convaincus de mettre sur le marché des voitures pouvant consommer jusqu'à 100 % d'éthanol. »

Clio brésilienne

Avant-garde de ces autos vertes, une Clio brésilienne trône sur le stand de l'Odyssée du végétal (hall 2). « La mécanique est identique à un moteur essence classique, indique Joël Cottart, céréalier dans l'Oise et membre de l'AGPB. On met juste des joints adaptés à l'éthanol qui est plus corrosif qu'un carburant classique. »

Cette Clio « Flex fuel » ne roulera pas sur les routes de France, avant 2009. Elle appartient à la première famille des biocarburants, celle des éthanols pouvant être incorporés dans l'essence. « Le parc autos à l'essence représente quand même 40 % des immatriculations dans l'Hexagone, note Joël Cottart. Nous sommes dans les starting-blocks pour produire davantage d'éthanol. Nous avons la technologie, les fonds et les emplacements pour les usines. Nous attendons les agréments de l'État. »

Le gouvernement a déjà donné son feu vert pour 500 000 tonnes. « Avec une rallonge de 150 000 tonnes avant la fin 2006, précise Joël Cottart. Aujourd'hui, nous consacrons à peine 5 % de nos surfaces en blé aux carburants verts, nous pourrions en produire beaucoup plus pour incorporer jusqu'à 30 % d'éthanol dans l'essence. L'agriculture contribuerait ainsi significativement à l'indépendance énergétique de la France. » L'État s'en tient, pour l'instant, à 10 % de biocarburants, à l'horizon 2015, dans le réservoir des autos.

Coupé Peugeot au diester

L'autre pétrole vert, c'est le diester produit à partir des graines de colza et de tournesol. « En 2005, nous avions les agréments de l'État pour 417 500 tonnes, indique Fabien Kay, de Proléa, la filière des huiles et protéines végétales. En 2008, il a fixé un volume de 2,3 millions de tonnes. »

Proléa regroupe des producteurs et des transformateurs. Il projette de construire une dizaine d'usines pour produire 1,8 million de tonnes de diester en 2008-2009. « Pour la récolte 2006, nous prévoyons déjà 1,4 million d'hectares de colza, précise Fabien Kay. Les surfaces disponibles sont évaluées à 2,5 millions d'hectares. »

Pour promouvoir son diester, Proléa roule avec Peugeot. La marque au lion aligne sur les circuits un coupé 2,2 litres HDI alimenté avec un mélange 50 % diester, 50 % gazole. Le bolide vient de boucler sa troisième année de compétition sans raté. On peut l'admirer au Salon en compagnie d'un drôle de personnage en forme de goutte de pétrole vert. Il s'appelle tout simplement Diester et nous apprend, par le biais d'un petit jeu questions réponses, « qu'une tonne de diester consommée permet d'économiser le rejet dans l'atmosphère de 2,5 tonnes de gaz carbonique ».

Jean-Paul LOUÉDOC.