Carlos Ghosn, leader et fier de l'être - jeudi 9 février 2006

Actualité

Publié le: 09/02/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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L'homme qui a fermé cinq usines et licencié 21 000 salariés japonais à son arrivée chez Nissan, en 1999, n'aime pas qu'on l'appelle « cost killer ». C'est-à-dire tueur de coûts. Préfère-t-il « Brise glace », « Super-Carlos » ou « Seven Eleven », 7-23 h, en référence à ses horaires de travail ? Lui-même se définit comme un « citoyen du monde ». Le tout nouveau patron de Renault, depuis la fin avril 2005, est né de parents d'origine libanaise, au Brésil, il y a cinquante-deux ans. C'est là qu'il s'est fait les dents, puis en Amérique du Nord, chez Michelin. Là qu'il goûte pour la première fois à la restructuration, lors de la fusion Uniroyal-Goodrich. La notoriété est venue au Japon avec le redressement du géant Nissan pour le compte du petit Renault.

Le sourire est rare, les mains expressives, le doigt souvent pointé, autoritaire. Le bla-bla n'est pas la tasse de thé de Carlos Ghosn, estampillé Polytechnique et École des Mines. Il se dit sans a priori. On le dit brillant mais indiscipliné. Il se dit adepte du « consensus actif ». C'est lui l'artisan de la fermeture de l'usine Renault de Vilvoorde, en Belgique, qui fit tant de bruit. Il place la motivation au-dessus de tout, dresse des plans, fixe des objectifs. Et met tout cela en scène tout en s'affichant comme le champion du parler vrai. Bref, Carlos Ghosn endosse sans fausse modestie le costume du leader carré. Mais il souffle le chaud et le froid, joue volontiers de la dramatisation pour mieux faire passer les pilules amères.

Résultat, les 130 000 salariés de Renault, du haut en bas, attendent, aujourd'hui, avec une impatience teintée de crainte « le » plan du « Zorro » de la construction automobile. L'« Attila » dit la CGT. En espérant qu'il n'a noirci la situation d'un groupe toujours profitable que pour mieux apparaître comme le sauveur.

Hervé BABONNEAU.