Bienvenue chez les... « sans permis »

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Publié le: 12/11/2008 - Mis à jour le: 08/10/2019
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La clientèle des voitures sans permis n'est pas celle que l'on croit. Coupe sportive et variétés de couleurs, séduisent des conducteurs.

« Les conducteurs de « » Thierry Martin, commercial pour le concessionnaire Lannion sans permis, est bien placé pour le savoir. Chaque jour, il arpente les routes de l'ouest du département à la rencontre de ces conducteurs « minimotorisés ».

Passeport pour l'autonomie

« Ça n'a rien à voir avec la vente de voitures classiques, compare cet ancien commercial d'Audi et BMW. C'est plus familial, c'est du tutoiement à tout va... On ne fait pas que vendre des voitures. » Vente, assistance, dépannage... Visite de courtoisie... Thierry Martin est aux petits soins pour ses clients. « Ils m'appellent même le dimanche, ou en pleine nuit, s'ils ont un pépin ! » Bref, « c'est un peu comme une grande famille. »

Une famille qui s'agrandit, puisque les constructeurs affichent une croissance moyenne de 10 % par an depuis quelques années. « Les conducteurs sous le coup d'un retrait de permis représentent à peine 5 % de notre clientèle, avance Thierry Martin. Et la proportion des plus de 60 ans diminue. Ces derniers représentent moins de 60 % de nos ventes, aujourd'hui. » Modèle sport, peinture métallisée, inspiration 4 x 4 urbain noir brillant, décapotable... Ne serait-ce la vitesse - elles sont bridées à 50 km/h - ces petites citadines n'ont que peu de chose à envier à leurs grandes soeurs. De plus en plus de jeunes, découragés par le coût et la difficulté du permis, se laissent séduire.

Du côté de Camlez, Jean Prat, conducteur de voiturettes depuis quatorze ans, attend « son » vendeur de pied ferme : « Alors, il y a des nouveautés ? » Dans sa courette, une Super luxe bleue métallisé prend le soleil. Le bolide a moins d'un an... « Jean est toujours à l'affût du dernier modèle », plaisante le commercial. Dernière couleur, dernière innovation...

Dans la pénombre de la salle à manger, vendeur et client discute. « Avant j'avais un cyclomoteur, mais c'est pas pratique pour les courses », témoigne Jean. Depuis qu'il a sa voiturette, il part assister « à toutes les courses cyclistes » dans le département, peut rendre visite à sa famille. Le permis ? Il a essayé. Trop long, trop dur, trop cher...

« Mamie » Rarchaert, elle, a son permis. Elle avait même une voiture. Une vraie, une grande... « Trop puissante, a estimé la jeune femme de 90 printemps à la mort de son époux, il y a un an. Je ne me sentais pas en sécurité. » Pour cette mamie pétillante, pas question de rester sédentaire. Il faut bien transporter les sacs de pommes de terre, les litres d'eau, aller au cimetière déposer les pots de fleurs... explique-t-elle en servant un café brûlant. « Si je n'avais pas ma petite voiture, je ne sais pas comment je ferai... »

Sur la route du retour, l'utilitaire de Thierry Martin est salué par toutes les « petites » qu'il croise. Appel de phare, signe de la main... La petite communauté se serre les coudes.

Source : Ouest-France - Mariella Esvant