Bientôt un péage urbain en France ?

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Publié le: 07/10/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Evoqué depuis longtemps mais toujours éludé, le péage urbain, qui consiste à faire payer aux voitures l'accès au centre des villes pour lutter contre la congestion automobile, pourrait enfin être testé en France. Il reste à voir quelle ville tentera l'expérience.

Pour être au moins mis à l'essai, le péage urbain attendait un coup de pouce législatif. On l'espérait dans le projet de loi "Grenelle II" portant sur les suites du Grenelle de l'environnement. En vain. Il s'est finalement imposé à la faveur d'un amendement présenté par Louis Nègre (UMP), sénateur des Alpes-Maritimes, et adopté par la Haute Assemblée.

L'Assemblée nationale doit encore reprendre cet amendement, cependant le gouvernement s'y est déjà montré favorable.

Concrètement, une dizaine d'agglomérations de plus de 300.000 habitants pourront s'essayer au péage urbain pendant trois ans, à condition de proposer des transports en commun dignes de ce nom. Le produit du péage acquitté par les automobilistes ira d'ailleurs à l'amélioration des transports publics.

« C'est une mesure de bon sens pour réguler la circulation et assurer le bon fonctionnement de la cité », souligne Louis Nègre. « C'est aussi une mesure très importante pour lutter contre la pollution, et en particulièrement la pollution urbaine, locale, oxyde d'azote, ozone et particules fines, sur lesquels on est chez nous d'une discrétion exemplaire ».

L'exemple que tout le monde cite, c'est Stockholm. Le péage urbain y a été testé et approuvé par les électeurs en 2006, puis pérennisé l'année suivante.

L'automobiliste doit payer entre 1 et 2 euros pour pénétrer dans le centre de la capitale suédoise, ou en sortir, entre 06H30 et 18H29 en semaine, avec un plafond de 5 euros par jour en cas d'allers et retours. Résultat: la circulation a diminué de 18 % par rapport à 2005, un chiffre qui s'est stabilisé. Et l'air est plus pur.

« Les gens ont changé leurs habitudes, quasiment du jour au lendemain », constate Gunnar Johansson, qui suit l'expérience suédoise pour IBM, le groupe qui a installé les capteurs du péage urbain (et de ce fait compte les voitures).

La moitié des « automobilistes disparus » utilisent maintenant les transports en commun, l'autre moitié se débrouillant autrement (changements d'itinéraires, voyages groupés, voire télétravail...). « La grande leçon, c'est que les gens utilisent mieux les systèmes de transport ».

A Londres, autre ville qui a fait le choix du péage urbain, la facture est plus salée. Pénétrer dans le centre y coûte une somme forfaitaire de 8,70 euros par jour, de 07H00 à 18H00 en semaine, les résidents bénéficiant d'une remise de 90 %. Là aussi, la circulation a baissé d'environ 20 %.

Mais le modèle londonien a trouvé ses limites, l'extension à l'ouest de la zone payante en 2007 ayant été remise en question par un changement de municipalité quelques mois plus tard.

Ailleurs en Europe, les électeurs ont refusé le péage urbain à Edimbourg et Manchester. Sans référendum, Milan s'est lancée dans l'aventure en 2008. Göteborg et Helsinki veulent suivre. Le Danemark et les Pays-Bas envisagent de faire payer les automobilistes sur l'ensemble de leur territoire. Et la Norvège fait passer à la caisse depuis très longtemps à l'entrée de nombreuses villes pour financer des projets d'infrastructures.

Reste à voir qui en France aura le courage politique de se lancer dans l'aventure. Les élus locaux sont prudents. D'autant que le péage urbain ne devrait pas rapporter des fortunes, compte tenu de l'importance des frais de fonctionnement. « On n'est pas là pour faire du fric », souligne Louis Nègre. « C'est un outil supplémentaire que l'on met dans la boîte à outils du Grenelle de l'environnement ».

(Source : Jean LIOU, AFP)

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