Automobile : alliances obligatoires, mais risquées

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Publié le: 09/04/2010 - Mis à jour le: 07/04/2015
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Pour faire face à la crise et réduire leurs coûts, les constructeurs mondiaux doivent se rapprocher. Des opérations qui, souvent, échouent...

Le rapprochement entre Renault et Daimler, annoncé hier, n'est qu'un nouvel épisode du maelström qui agite le secteur automobile depuis plusieurs années. Bien des mariages, fusions, rapprochements entre constructeurs ont été célébrés. Beaucoup se sont soldés par des échecs. Cuisants, la plupart du temps (Daimler-Chrysler, General Motors-Opel...). L'une des rares opérations réussie, et souvent citée en exemple, est celle entre Renault et le groupe japonais Nissan (l'Alliance, comme on l'appelle, est le numéro 4 mondial, avec 6,1 millions de véhicules vendus en 2009).

Marier deux entreprises, la plupart du temps concurrentes, n'est pas simple. « Les stratégies des firmes sont souvent incompatibles », indique Michel Freyssenet, directeur de recherche au CNRS. Clairement, « il ne faut pas se tromper de partenaire ». Et faire attention « au fantasme du supergroupe qui fait tout ». Mais les entreprises ont-elles le choix ?


Une crise sans précédent

L'industrie automobile traverse une des pires crises de son histoire. Seule celle du début des années 1990 peut être comparable. Les constructeurs doivent gérer, en même temps, les surcapacités de production, des marchés fragiles et le développement _ coûteux _ des voitures « propres », des véhicules électriques.

Face à ces enjeux, ils ne peuvent rester isolés. « Les économies d'échelle sont fondamentales », souligne François Roudier, au Comité des constructeurs français d'automobiles. D'où les partenariats techniques et financiers dans des usines communes pour construire des véhicules de marques différentes mais avec les mêmes moteurs, châssis, systèmes de transmission, etc. D'où, également, les collaborations pour le développement de nouveaux modèles, de nouveaux moteurs.

Au cours des derniers mois, d'importantes opérations se sont nouées : rapprochement capitalistique entre Volkswagen et Porsche, Fiat et Chrysler, vente du suédois Saab au néerlandais Spyker, achat de Volvo par Geely, un _ petit _ constructeur chinois...

Le cabinet KPMG estime que « le nombre d'alliances et d'opérations de fusion va augmenter durant les cinq prochaines années ». Surtout que la crise est loin d'être finie. Les constructeurs ont perdu beaucoup d'argent en 2009. Et les marchés restent plombés, malgré les trompeuses éclaircies dues aux différentes primes publiques. Et ceux qui sont prometteurs (Chine, Inde, Brésil...) nécessitent de lourds investissements. D'où l'importance de trouver le bon partenaire.

Yann BESSOULE, Ouest-France