Auto : trois modèles, une seule usine, de gros soucis
Actualité
Publié le: 02/02/2010 - Mis à jour le: 07/04/2015
P3032_100202.jpgC1 Citroën : un des modèles fabriqués dans la même usine tchèque. DR
Un avatar de la mondialisation. Des Peugeot 107 et Citroën C1 sont fabriquées dans la même usine tchèque que l'Aygo de Toyota. Et équipées de la même pédale défectueuse, qui leur vaut d'être rappelées par les constructeurs.
De quoi perdre des pédales. Celle d'accélérateur, banal élément censé donner du jus à votre voiture, empoisonne Toyota et dans la foulée, moins fortement, PSA Peugeot Citroën. Elle se coince et a obligé le constructeur japonais à rappeler près de 6 millions de voitures aux États-Unis et 1,8 million en Europe. Pour les mêmes raisons, PSA rapatrie 100 000 107 et C1.
Quel rapport ? Les deux citadines françaises sont fabriquées dans la même usine, à Kolin, en République tchèque, que les petites Aygo de Toyota, l'un des huit modèles japonais victimes de la pédale folle. Or, la quasi-totalité des composants des trois modèles sont les mêmes.
Sur le papier, les deux constructeurs sont associés à parts égales à Kolin, via une société commune. Dans les faits, c'est bien une usine Toyota et c'est bien le groupe japonais qui gère toutes les fabrications. La production de voitures françaises dans des usines installées à l'étranger par les constructeurs tricolores est bien connue. Leurs concurrents aussi délocalisent à tour de bras.
Main-d'oeuvre moins chère, coût du transport et droits de douane allégés, quasi-obligation d'investir sur place si l'on veut entrer sur les juteux marchés des pays « émergents » comme la Chine ou l'Inde... Les explications sont connues.
Cette affaire met en lumière un autre aspect de la mondialisation automobile : la concurrence n'exclut pas les fabrications en tandem dans une même usine et, plus encore, l'utilisation de mêmes composants pour des modèles et des marques différentes. PSA n'est pas le seul embêté : Ford a suspendu la fabrication en Chine d'utilitaires dotés de la pédale folle.
La « production maigre »
Il y a d'autres exemples de coproductions. Depuis 1978, Citroën Jumper et Peugeot Boxer sont fabriqués en Italie, chez Fiat. À l'inverse, Fiat Ulysse et Lancia Phedra le sont près de Valenciennes.
Nissan produit le Renault Trafic en Espagne, la Sandero en Afrique du Sud. PSA construit une usine en Russie avec le japonais Mitsubishi. Renault des modèles Toyota en Colombie. Et l'on retrouve souvent les mêmes moteurs sous des capots différents.
Commentaire, en substance, de la CGT de Peugeot-Sochaux : quand on réduit le temps d'étude et de conception, les moyens, le personnel et le salaire, les salariés font les frais de « la production maigre » (lean manufacturing en anglais). Et aujourd'hui, « on en mesure les conséquences pour les consommateurs ».
Hervé BABONNEAU, Ouest-France
Un avatar de la mondialisation. Des Peugeot 107 et Citroën C1 sont fabriquées dans la même usine tchèque que l'Aygo de Toyota. Et équipées de la même pédale défectueuse, qui leur vaut d'être rappelées par les constructeurs.
De quoi perdre des pédales. Celle d'accélérateur, banal élément censé donner du jus à votre voiture, empoisonne Toyota et dans la foulée, moins fortement, PSA Peugeot Citroën. Elle se coince et a obligé le constructeur japonais à rappeler près de 6 millions de voitures aux États-Unis et 1,8 million en Europe. Pour les mêmes raisons, PSA rapatrie 100 000 107 et C1.
Quel rapport ? Les deux citadines françaises sont fabriquées dans la même usine, à Kolin, en République tchèque, que les petites Aygo de Toyota, l'un des huit modèles japonais victimes de la pédale folle. Or, la quasi-totalité des composants des trois modèles sont les mêmes.
Sur le papier, les deux constructeurs sont associés à parts égales à Kolin, via une société commune. Dans les faits, c'est bien une usine Toyota et c'est bien le groupe japonais qui gère toutes les fabrications. La production de voitures françaises dans des usines installées à l'étranger par les constructeurs tricolores est bien connue. Leurs concurrents aussi délocalisent à tour de bras.
Main-d'oeuvre moins chère, coût du transport et droits de douane allégés, quasi-obligation d'investir sur place si l'on veut entrer sur les juteux marchés des pays « émergents » comme la Chine ou l'Inde... Les explications sont connues.
Cette affaire met en lumière un autre aspect de la mondialisation automobile : la concurrence n'exclut pas les fabrications en tandem dans une même usine et, plus encore, l'utilisation de mêmes composants pour des modèles et des marques différentes. PSA n'est pas le seul embêté : Ford a suspendu la fabrication en Chine d'utilitaires dotés de la pédale folle.
La « production maigre »
Il y a d'autres exemples de coproductions. Depuis 1978, Citroën Jumper et Peugeot Boxer sont fabriqués en Italie, chez Fiat. À l'inverse, Fiat Ulysse et Lancia Phedra le sont près de Valenciennes.
Nissan produit le Renault Trafic en Espagne, la Sandero en Afrique du Sud. PSA construit une usine en Russie avec le japonais Mitsubishi. Renault des modèles Toyota en Colombie. Et l'on retrouve souvent les mêmes moteurs sous des capots différents.
Commentaire, en substance, de la CGT de Peugeot-Sochaux : quand on réduit le temps d'étude et de conception, les moyens, le personnel et le salaire, les salariés font les frais de « la production maigre » (lean manufacturing en anglais). Et aujourd'hui, « on en mesure les conséquences pour les consommateurs ».
Hervé BABONNEAU, Ouest-France
