Acheter un camping-car, c'est acheter du rêve

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Publié le: 16/09/2008 - Mis à jour le: 01/08/2022
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Côtes d’Armor. A la Foire-expo, 300 véhicules sont exposés. Depuis 1999, le marché gonfle de 15 % par an. Explication d'une mode qui résiste au pétrole cher.

Anthropologue et professeur de sémiologie (science dessignes) à l'Université Paris-Descartes, Jean-Didier Urbain travaille sur le tourisme et les mobilités. Son dernier ouvrage« Le voyage était presque parfait », aux éditions Payot, sort le 17 septembre.

On voit de plus en plus de camping-cars sur nos routes. Ce mode de vacances reste-t-il en plein essor ?

Oui, le phénomène des camping-cars s'est considérablement accentué, surtout ces dernières années. Les jeunes retraités en sont les plus friands. Ces seniors dynamiques ont envie de voyager. En bonne forme physique, ils rêvent d'autonomie et de voyage. Acheter un camping-car, ce n'est pas seulement une utilité matérielle, c'est surtout acheter du rêve. Le camping-cariste est un homme escargot avec sa maison sur le toit. Il est complètement indépendant. Il n'a rien à voir avec le caravaneur ou le campeur, profils caducs. Du fait de sa mobilité, le camping-cariste bat tous les autres vacanciers. L'adepte du camping-car peut aller partout, même au bout d'une jetée lors d'une tempête.

Que recherchent donc les camping-caristes ?

L'autonomie. Chargé en nourriture et en carburant, le vacancier est complètement dans sa bulle. Il n'a pas ou très peu de relations économiques avec la région traversée. Avec un frigo et une télévision à bord, le camping-cariste est un navigateur. Pour les structures de vacances traditionnelles, il est un chacal. Les indigènes le voient avec animosité. Il devient lucratif lorsqu'il tombe en panne. Cette catastrophe mécanique le force à contacter le garage local et à consommer.

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Les camping-caristes ont aussi leurs détracteurs. Certains disent qu'ils envahissent les paysages...

On parle de camping-cars ventouses. Ce lieu d'habitation, qui peut aller n'importe où, pose des problèmes aux collectivités locales. Ce n'est pas facile à gérer pour les communes. C'est « la délinquance des cols blancs ». Des ports méditerranéens ont construit des murs pour empêcher les camping-caristes de se fournir en électricité aux bornes destinées aux bateaux. Sur certains parkings, les panneaux interdisent le stationnement des camping-cars de 20 h à 8 h.

Devenir propriétaire d'un camping-car, c'est un investissement financier important.

Certes. Mais c'est le moyen de vagabonder, d'éviter les locations. Être un voyageur propriétaire, c'est fabuleux. On s'arrête n'importe où, quand on veut. C'est la liberté totale. Cela correspond à l'évolution des conditions sociales et à l'individualisme conjugal, familial, amical ou tribal. Aujourd'hui, on organise soi-même ses vacances, sans passer par les professionnels. Les camping-caristes constituent une clientèle volatile échappant aux acteurs marchands. Cette tendance psychosociale, déjà forte, va se poursuivre. Les retraités n'éprouvent pas le désir de l'inconnu, ils ont simplement besoin de se réapproprier leur existence. D'être maîtres de leur temps.

Source : Ouest-France - Propos recueillis par Soizic Quero


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