300 motards en colère contre le ministre des Transports - Loire-Atlantique - dimanche 7 mai 2006

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Publié le: 09/05/2006 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Les motards, s'estimant victime d'une politique sécuritaire de plus en plus répressive à l'égard des deux-roues, manifestent à Nantes.

La fédération des motards ne décolère pas à l'encontre du ministre des Transports, Dominique Perben. Le contentieux est lourd et a trouvé son expression, samedi, dans les rues de Nantes, comme dans toutes les grandes villes de France, prélude à la manifestation qui doit avoir lieu aujourd'hui à Paris. Satisfait de la mobilisation d'environ 300 motards, Denis Chaimbault, le président départemental de la Fédération des motards en colère (FFMC) n'en stigmatise pas moins la « motophobie » des pouvoirs publics à l'égard des possesseurs de deux-roues motorisés. Dernier avatar de ce qui est considéré comme une véritable « campagne répressive » à l'égard des motards, la loi du 5 janvier 2006. Celle-ci interdirait désormais aux motards de personnaliser leurs véhicules. « Elle peut punir de peine de prison et d'amendes disproportionnées (30 000 €) la vente de motos qui ne correspondent pas rigoureusement à son certificat d'homologation, c'est extravagant. Il ne serait pas possible d'adapter un guidon différent, des pneus ou même de changer la peinture. Un automobiliste qui commet les mêmes infractions n'est redevable que d'une simple amende. Il faudrait au moins une circulaire d'application pour limiter l'impact de cette loi sur les particuliers et éviter les entraves inutiles à la personnalisation des véhicules. » Apparemment, personne n'a été verbalisé pour de tels faits, la loi visant essentiellement les revendeurs peu regardants sur les homologations et les tentatives de débridage des moteurs. Depuis 1986 en effet, toutes les motos commercialisées en France sont limitées à une puissance de 100 chevaux. « C'est une exception française tout à fait contraire aux dispositions européennes, mais qui vaut quand même de lourdes amendes. »

Plus de pratiquants, autant d'accidents

Le ministre avait évoqué l'idée de constituer un groupe de travail pour évoquer ces questions. La manifestation d'hier visait précisément à lui rappeler ses engagements. D'autant que les motards ont aussi d'autres propositions à faire en matière de sécurité. « Le mobilier urbain, par exemple, constitue souvent un risque pour les motards victimes d'une glissade. Il faudrait également plus de souplesse dans la possibilité de remonter les files de voitures à l'arrêt ou au ralenti, comme cela existe déjà en Autriche, en Suisse ou aux Pays-Bas. » Mais la fédération milite aussi pour le permis moto à 1 €, comme pour la voiture, ou pour une sensibilisation à la conduite des deux-roues dans le cadre scolaire et à l'occasion de l'examen du permis de conduire auto. « Des mesures qui auraient un effet durable sur la sécurité mais qui ne rapportent pas autant que les radars. » Enfin, concernant le nombre d'accidents qui, il est vrai, reste stable chez les motards, la fédération souligne qu'en dix ans « le nombre des deux-roues à moteur a explosé : près de 50 % à Paris en sept ans. Rapporté à l'augmentation des pratiquants, on peut considérer que le nombre des accidents a baissé de 33 %, sachant que dans deux cas sur trois, c'est un automobiliste qui est responsable. Il s'agit des chiffres relevés par l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière ».

Camille GUILLEMOIS.