Volvo S60 (essai archivé)

   Le meccano industriel, voila la nouvelle bible de Volvo. Prenez une S 80, raccourcissez-la un peu, voila la base du break V 70. Coupez une seconde tranche au milieu de la S 80, recollez les morceaux, faites reduire et voila la S 60. A 4,58 m de long, elle ressemble a sa grande soeur, un tantinet sportive, tres bien finie et toujours aussi securisee qu’un coffre fort. Elle chipe aussi les 5 moteurs de son ainee, avec ces 5 cyl de 140 a 250 ch elle s’en va enquiquinner les Mercedes C, BMW 3, Audi A4, 406 et Alfa 156. Comme Garbo ou Bergman (Ingrid, bien sur !), la S 60 est sexy, tres seduisante mais a l’elegance un peu froide. L’interieur surtout, sobre, sombre, rigoureux et bien dessine, de grande qualite comme le levier de vitesse Spaceball et son enorme rotule en aluminium remplacant l’habituel soufflet de cuir.
   Les sieges, excellents, rechauffent l’atmosphere, les performances, le silence et l’absence de vibrations font le reste : on se sent vraiment bien dans cette S 60. Avec les petits moteurs essence on nage dans le bonheur, accelerations franches, commandes douces, freinage puissant, roulis, cabrage et plongee au mini, on se regale.
   Avec la T 5 250 ch, tout change, la gentille S 60 devient tres mechante, la familiale se mue en dragster glouton a la moindre pression du pied droit. Il faut aussi « doser » en virage serre, sinon le train avant depasse ses limites et appelle l’antipatinage STC au secours. La S 60 tient bien la route mais n’aime pas vraiment la conduite sportive, elle prefererait sans doute (nous aussi) les 4 roues motrices de feue la S 70. A ces restrictions pres, la berline S 60 est remarquable et attachante, sa personnalite affirmee la rend differente de ses rivales. Reste que Volvo fait payer ces sensations heureuses au prix fort, qu’est que ca serait si la S 60 ne partageait pas ses organes avec les S 80 et V 70 !

Jean-Pierre GOSSELIN.