Une « essence verte » bien trop soiffarde

Actualité

Publié le: 17/08/2007 - Mis à jour le: 07/04/2015
L'essor des biocarburants va coûter beaucoup d'eau, avertissent des scientifiques réunis à Stockholm

Manger ou conduire, bientôt, il faudra choisir. C'est le message délivré par plusieurs scientifiques lors de la Semaine internationale de l'eau, qui se déroule depuis lundi à Stockholm (Suède). La production de biocarburants, que beaucoup tiennent pour « la » solution face au réchauffement climatique, est très gourmande en eau. Johan Kuylensternia, directeur de la semaine mondiale de l'eau, craint que l'essor des biocarburants ne mène à la pénurie: « la production de nourriture va devoir augmenter, la consommation d'eau dans le secteur agricole va énormément augmenter, et la productions de biocarburants va augmenter. Du point de vue de l'eau, l'équation ne tient pas la route ».

Et David Trouba, porte-parole de l'Institut international de l'eau de Stockholm (SIWI), de poser la question: « D'où viendra l'eau servant à cultiver les aliments pour nourrir une population croissante si elle est détournée par la production de céréales servant aux biocarburants » ? Selon le SIWI, on consommera en 2050 autant d'eau pour fabriquer des biocarburants que pour nourrir la planète. Les experts estiment que les biocarburants, loin d'être la panacée, ne sont « qu'une solution », et que la priorité est de régler le problème de la consommation de carburant.

Les premiers effets de la concurrence entre production de denrées et production de carburants à partir de céréales se font déjà sentir. C'est le cas aux États-Unis et au Mexique, avec la « guerre de la tortilla ». La production de maïs destiné à la transformation en éthanol y a très fortement augmenté, faisant flamber les prix du maïs sur les marchés internationaux. En bout de chaîne ceux de la tortilla, galette de maïs très consommée par les Mexicains.

Aujourd'hui, aux États-Unis, 5 % du carburant distribué est de l'éthanol. Et le maïs nécessaire à remplir un réservoir de 95 litres pourrait nourrir quelqu'un pendant un an.