Revers de la prime auto : le casse-tête des casses

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Publié le: 14/04/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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P2659_090414.jpgRevers de la prime : le casse-tête des casses auto

L'aide gouvernementale, ça roule ! Ça roulerait même trop bien. Les entreprises, comme les caisses publiques, saturent. Et certains professionnels déplorent d'avoir à détruire les «bonnes occasions».

Mille euros de reprise pour un véhicule de plus de dix ans. Plus la super-promo du constructeur, qui double la mise. Plus la ristourne du vendeur qui, en fin de mois, doit faire son chiffre. Bref, la prime à la casse, en France, connaît un franc succès. Au point que les casses sont débordées par l'afflux des « épaves ».

Pour Patrick Poincelet, président de la branche recycleurs du Conseil national des professions de l'automobile, « 30 % à 40 % des nouvelles immatriculations de mars sont liées à cette prime gouvernementale. » Ce qui a permis aux ventes de résister dans l'Hexagone, alors qu'elles s'effondraient ailleurs.

Le problème, c'est que le recyclage d'une « épave » coûte cher aux casseurs : 180 € pour sa dépollution, 100 € pour le transport et 30 € pour le rachat de la voiture : le prix auquel les recycleurs paient le véhicule bénéficiant de la fameuse prime.

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Or, avec les guimbardes mises au rebut, les ferrailleurs ne peuvent espérer gagner plus que 300 à 400 €. À condition qu'elles soient suffisamment « valorisées ».

Le problème, c'est qu'avec l'afflux d'épaves, les recycleurs n'ont plus le temps de récupérer et de valoriser les pièces de rechange, qui représentent 90 % de leurs recettes. Et le prix de la tonne de ferraille, après avoir flambé, s'est effondré.

Enfin, comme le versement de la prime à la casse gouvernementale doit s'achever fin décembre, les recycleurs ne se pressent pas pour embaucher du personnel supplémentaire.

En Allemagne aussi, la prime à la casse pose question. Lancée depuis deux mois dans le cadre du plan de relance fédéral, elle est fixée, outre-Rhin, à 2 500 €.


D'autres dispositifs ?

Une aubaine pour les automobilistes qui se bousculent au portillon : déjà plus d'un million de demandeurs ! Beaucoup plus que ce à quoi s'attendait Berlin, qui avait pourtant prévu, pour l'occasion, un coquet budget de 1,5 milliard d'euros.

Du coup, l'Allemagne est contrainte de remettre au pot en triplant le budget initial. Mais, parallèlement, s'apprête à contingenter le nombre de bénéficiaires : une fois l'enveloppe vide, ce sera terminé.

Un exemple que pourraient suivre _ pour cause de bourse plate _ d'autres pays européens qui, tous, avaient décidé d'accorder ce type de coup de pouce à un secteur automobile devenu plus que poussif. En France, « pour l'instant », le principe de la prime à la casse n'est pas remis en cause. C'est du moins ce qu'affirme Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Écologie.

Mais Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, réfléchit déjà à « d'autres dispositifs incitatifs » pour inviter les Français à acheter des véhicules moins polluants. En réaménageant, par exemple, le bonus-malus.

Ouest-France