Points de vue. Amnistie des délits routiers : « OUI, quand la vie n'est pas en jeu » - lundi 12 février 2007

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Publié le: 12/02/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
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Laurent Hecquet, l'amnistie des délits routiers ne vous paraît-elle pas une mesure d'un autre temps ?

Un délit routier, c'est quand il y a mise en danger de la vie d'autrui. Dans ce cas, rien ne justifie une amnistie. Mais il règne aujourd'hui un terrorisme intellectuel qui veut nous faire croire que toutes les infractions sont dangereuses. C'est faux. Il ne faut pas confondre mise en danger d'autrui et infraction vénielle. C'est pour ces petites fautes, que tout le monde commet, que nous réclamons l'amnistie.

Se garer sur une place pour handicapé, faute vénielle ?

Non, incivisme. Notre association ne s'est pas positionnée sur ce genre de faute. Nous pensons surtout aux PV des radars automatiques. La majorité des conducteurs sanctionnés roulent un ou deux kilomètres à l'heure au-dessus de la réserve technique de 5 km/h. Or, nos études prouvent que les excès de vitesse inférieurs à 20 km/h ne sont pas corrélés avec l'accidentologie. Contrairement aux grands excès de vitesse qui eux, effectivement, augmentent la mortalité. Que les radars les aient fait disparaître, bravo. Nous refusons seulement qu'une succession de fautes vénielles aboutisse à une sanction sociale grave.

La simple perspective d'une amnistie expliquerait la hausse des accidents en janvier...

Personne ne peut démontrer ça. D'autres facteurs peuvent entrer en cause : climat printanier, hausse du trafic... Quitte à défendre une position politiquement incorrecte, nous osons dire très haut ce que beaucoup pensent tout bas : il faut s'attaquer aux vraies causes des accidents (alcool, drogue, risques inconsidérés chez certains jeunes) plutôt qu'aux automobilistes raisonnables qui se sentent piégés, humiliés, pour ne pas avoir assez levé le pied au moment où la 4-voies passait de 110 km/h à 90 km/h. Suivons plutôt l'exemple de l'Espagne : tout en s'inspirant du permis à points français, elle n'a pas retenu le retrait de points pour les petits excès de vitesse.

Si vous obteniez gain de cause là-dessus, seriez-vous en faveur d'une amnistie zéro ?

Oui.

Recueilli par Alain PEUDENIER.

Laurent Hecquet, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, émanation de l'Automobile-club de l'Ouest, créée en septembre 2005