Permis : « Une bonne réforme, mais insuffisante »

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Publié le: 19/01/2009 - Mis à jour le: 07/04/2015
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La réforme du permis de conduire se mettra en place en 2009 et 2010. Le point avec Eugène Johan, moniteur et représentant syndical des professionnels de l'automobile.

Entretien

Cette réforme, vous l'attendiez depuis longtemps. Quels en seront, selon vous, les principaux effets positifs ?

D'abord l'augmentation du nombre d'inspecteurs. Même s'il y a pire, l'Ille-et-Vilaine était dans une situation vulnérable. Ici, comme à Saint-Malo, Vitré ou Rennes, les délais d'attente sont de trois à six mois. Pas sûr cependant que nous bénéficions de cette augmentation de moyens : 55 inspecteurs supplémentaires en France c'est insuffisant.

L'autre point positif sera une approche différente du permis. La conduite deviendra davantage un bilan de compétences. Fini donc la faute éliminatoire qui n'était pas représentative de la valeur du candidat. L'examen du code va se débarrasser d'un certain nombre de questions pièges ou ambiguës.

Enfin on peut se réjouir d'une remise à plat du permis à un euro par jour. Aujourd'hui le système, par le jeu bancaire, privilégie les jeunes dont la famille a du répondant.

A l'inverse, y voyez-vous des faiblesses ?

Oui. La réforme, par exemple, a pour objectif de gagner du temps dans l'obtention du permis en raccourcissant les délais d'enregistrement. Très bien, mais attention à ne pas s'engouffrer dans des formations expresses.

Pour le code on sait que les formules trop concentrées sont néfastes à terme. Par ailleurs, l'objectif de diminuer le coût global du permis ne sera pas atteint. Le seul moyen aurait été de baisser la TVA à 5,5 %, mais l'État n'a pas voulu franchir le pas. Dommage, car il n'est pas question que nous diminuions nos tarifs horaires : nous sommes la profession libérale la moins bien rémunérée. De surcroît, la France pratique les tarifs les plus bas d'Europe.

La conduite accompagnée va être encouragée, qu'en pensez-vous ?

J'y suis favorable. Ouvrir la possibilité d'accompagner à ceux qui ont cinq ans de permis est une bonne chose. Tout comme de permettre à un jeune qui a accompli sa formation initiale de 20 h ou bien qui a été recalé de s'orienter vers cette conduite me semble positif.

Quelle serait la prochaine étape pour un permis vraiment performant ?

Il faudrait prendre à bras-le-corps la formation post-permis. On sait que les jeunes sont bien formés mais ils oublient vite leurs bons réflexes. La surmortalité des moins de 25 ans est là pour nous le rappeler (1). Aussi, dans des délais et une fréquence qu'il reste à définir, nous pourrions leur donner des conseils différents. Par exemple sur l'éco-conduite.

(1) Sur 4 274 tués sur la route l'année dernière, 23,4 % avaient moins de 24 ans.

Jean-Loïc Guérin, Ouest-France