Menaces sur l'emploi à Peugeot Citroën

Actualité Peugeot

Publié le: 24/04/2007 - Mis à jour le: 08/10/2019
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P1068_070424.jpgLe groupe automobile ne remplace plus les départs à la retraite. Et n'exclut pas d'accélérer les suppressions d'emplois. Rennes est dans l'oeil du cyclone.

Le groupe PSA Peugeot-Citroën prépare-t-il un nouveau plan de réduction d'emplois ? Alors même que le précédent de 10 000 suppressions, présenté l'an passé, n'a encore atteint que les deux tiers de l'objectif ? Tout se met apparemment en place pour une annonce formelle aux syndicats au cours d'un prochain comité central d'entreprise. Il pourrait se tenir... juste après l'élection présidentielle, et sans doute avant l'assemblée générale des actionnaires le 23 mai.

ean-Luc Vergne, le directeur des ressources humaines du groupe, ne l'a pas caché aux syndicats. L'accord de gestion prévisionnelle des emplois qu'il vient de négocier et signer avec eux (hors CGT) pourrait entrer en application rapidement. Et permettre d'utiliser tous les leviers nécessaires (incitations financières, cellules locales de reconversion, etc.) pour faciliter des réductions importantes d'emplois. Elles toucheraient cette fois les postes de production, mais aussi les cols blancs dans les bureaux. 10 000 suppressions, comme on le dit ici et là ? Le DRH ne veut « pas commenter les rumeurs ».

Rennes en sous-production

Pas question en tout cas, pour lui, de recourir à la vieille formule « dont on a abusé » des préretraites payées par l'État et l'entreprise. Il « espère » simplement que tout pourra se régler par le non-remplacement des départs en retraite normaux et des départs volontaires. Depuis plusieurs mois, les départs en retraite ne sont d'ailleurs plus remplacés. D'ici à 2018, ces départs prévisibles doivent concerner bon an mal an, en France, 2 700 salariés (1 500 ouvriers, 700 techniciens Étama, 500 cadres) sur les 90 000 employés concernés à ce jour.

En fait, Peugeot-Citroën paye aujourd'hui la note sociale d'une méforme économique persistante. À la fin des années 90, « le groupe avait été équipé pour une production de 4 millions de véhicules, et il n'en a fait que 3,4 millions en 2006 », souligne Jean-Luc Vergne. Il plombe ainsi ses frais fixes, sa compétitivité. À l'autre bout de la chaîne, côté clients, ce n'est guère plus réjouissant. Depuis quatre ans, les ventes de PSA reculent sur le marché domestique de l'Europe de l'Ouest et ne sont pas compensées par les succès extérieurs, chinois ou sud américains.

« Il faut que nous vendions plus de véhicules », martèle le DRH. Ce n'est pas précisément la trajectoire prise depuis le début de l'année. Le constructeur aux deux marques souffre tout particulièrement dans sa spécialité : le milieu de gamme. C5 et 407 en tête. Autant dire que la « vieille » usine de Rennes (45 ans de moyenne d'âge, c'est vieux dans l'industrie automobile) est un peu dans l'oeil du cyclone. Ce sont ses 9 228 salariés qui assurent l'assemblage final de ces modèles, ainsi que de la C6 du haut de gamme qui n'est pas d'un réel secours. Elle tourne à 40 voitures produites par jour. Résumons : Rennes fabrique quotidiennement 1 200 voitures, là ou elle devrait rouler à 1 500 en régime normal, et même pousser des pointes à 1 800 (avec des équipes de week-end). Il serait préférable que ce coup de mou ne dure pas trop longtemps.

Paul BUREL.