Les voiturettes se font une place sur la route

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Publié le: 04/10/2007 - Mis à jour le: 07/04/2015
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P1290_071003.jpgMalgré leurs inconvénients, les véhicules sans permis sont très prisés, notamment depuis le renforcement des contrôles routiers. Mais rarement par choix.

Vous en avez croisé, c'est certain. Vous avez même sûrement roulé 500 mètres derrière une de ces voiturettes, et pesté en reluquant votre montre et le compteur de votre voiture, bloqué sur 50 km/h quand tout va bien. Car depuis quelques années, ces petites bestioles bruyantes et paresseuses sont de plus en plus nombreuses sur les routes mayennaises. 211 « véhicules de genre QM (quadricycle à moteur) » (1) étaient ainsi répertoriés en 2003, 272 en 2004, 314 en 2005, 339 en 2006, et, si l'année en cours se poursuit sur les mêmes bases, plus de 400 voiturettes auront été en circulation en 2007.

Ces engins pourtant peu esthétiques et pas du plus grand confort seraient donc à la mode ? Là n'est pas vraiment la question. Ni la vérité. « C'est une solution de repli, rarement un choix, explique Patrice Giret, gérant d'un garage à Saint-Berthevin, un phénomène actuel directement lié au nombre croissant de suspensions de permis. » Excès de vitesse supérieur à 30 km/h, taux d'alcoolémie au volant dépassant 0,8 gramme d'alcool par litre de sang (ou 0,4 mg par litre d'air expiré) (2), et le précieux papier rose s'envole. Le « permis blanc », délivré autrefois pour le simple usage professionnel, n'existe plus.

« Aucun document à fournir »

Reste alors ces voitures miniatures qui trimballent leur misère avec leur batterie sous le siège passager, et un moteur de 50 cc le plus souvent. « Entre deux 38 tonnes, j'imagine qu'on doit se sentir assez seul, estime malicieusement Patrice Giret. Mais ça dépanne. C'est souvent temporaire. Beaucoup cherchent à louer, pour la simple et bonne raison que leur permis a sauté pour 15 jours, 1 mois, 3 mois. 6 mois maximum. »

Pratique, certes. D'autant qu'on ne vous demandera rien d'autre au garage qu'un bon chèque de garantie... Le gérant berthevinois acquiesce : « Il n'y a aucun document à fournir, c'est vrai. Même pas le code, sauf pour des voiturettes de 125 cc. » Et ce n'est pas dangereux ? « En fait, ça l'était plus il y a quelques années, quand ces véhicules étaient confiés à des personnes qui n'avaient presque jamais, voire jamais, conduit de leur vie. Aujourd'hui, ça a changé. On a affaire à des gens qui ont une certaine connaissance de la route. »

Cette nouvelle clientèle tournerait autour de la quarantaine d'années, plutôt masculine, classe moyenne. Et habite souvent en milieu rural. Des personnes « qui en ont besoin pour bosser ». Quelques jeunes également (lire ci-dessous) finissent par s'y résoudre, même si ce n'est pas franchement donné : 500 € par mois environ à la location, 5 000 € à la vente d'occasion, 12 000 € à 13 000 € si le bolide est neuf. Bigre ! D'autres préfèrent payer le prix encore plus fort, et éviter l'outrage d'être aperçu au volant d'une voiturette. « C'est une double question d'image et de moyens, reprend Patrice Giret. Ceux qui peuvent se le permettre prennent un chauffeur. »

Fanny ROCA.

(1) Il convient de préciser que cette classification inclut également les quads.
(2) Entre 0,5 et 0,8 g/l de sang, la sanction se « limite » à une amende et au retrait de 3 points sur le permis de conduire.