Le prix de l'essence inquiète

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Publié le: 07/05/2008 - Mis à jour le: 07/04/2015
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P1632_080507.jpgL'essence chère plombe les porte-monnaie

Le passage à la pompe à essence devient un exercice très douloureux pour le porte-monnaie. Rencontre avec des Rennais de plus en plus inquiets.

« Chaque plein commence vraiment à faire très mal ! » Le regard de Marc est scotché au compteur numérique de la pompe à essence. Tandis que les litres d'essence défilent trop lentement, les euros s'emballent. 40 € pour seulement 27 litres de super 95 ! Douze mois plus tôt, pour la même somme, il aurait eu le droit à 10 litres de plus. Hier, dans une station du centre-ville, le sans-plomb 95 était à 1,47 €, le sans-plomb 98 à 1,55 € et le gasoil à 1,40 €. Et demain, sans doute encore plus cher de quelques centimes !

« On ne s'en sort plus »

« C'est vraiment de la folie, estime Franck, artisan rennais, lui aussi en train de faire le plein. Si le prix du pétrole continue d'augmenter à ce rythme, d'ici quelques mois, rouler deviendra un véritable luxe réservé à une partie de la population. Malheureusement, pour mon travail, je suis obligé de mettre de l'essence dans ma camionnette. Mais je deviens beaucoup plus économe dans mes déplacements personnels. » Il avoue y réfléchir à deux fois avant de prendre sa voiture pour aller se balader. Et il ne manque pas de montrer du doigt « les spéculateurs qui s'enrichissent sur le dos de millions d'automobilistes et l'État qui nous suce notre argent avec les taxes sur l'essence. »

Oumar, lui, est déjà passé au plan restriction. « Tout devient trop cher. On ne s'en sort plus. » Aujourd'hui, il n'a mis que 9 € d'essence. « Juste ce qu'il me faut pour mes trajets indispensables. Maintenant, je laisse au maximum ma voiture au parking et j'utilise les transports en commun. » Lui aussi a fait une croix sur les déplacements pour le plaisir. « Avant je bougeais beaucoup. C'est fini. Mais je ne comprends pas qu'avec un euro aussi fort, l'essence soit si chère. Le pétrole s'achète bien en dollars, non ? »

Étudiante rennaise originaire du Finistère, Delphine tente aussi d'alléger son budget essence. « Je ne fais jamais de plein. Au maximum 15 à 20 €. De quoi faire un aller-retour par semaine entre Rennes et chez moi. En semaine, je ne me déplace qu'en transport en commun et pour les sorties avec des amis, c'est forcément en covoiturage. » Elle s'avoue très pessimiste pour l'avenir : « On va droit vers une grosse crise et on sera tous dans le même pétrin. » Sympa l'avenir mais difficile d'être optimiste quand on suit le cours du pétrole !

« Inquiète pour l'avenir »

Sur sa 1 300 cm3, Bernard, également de Rennes, remplit son réservoir. « Ca devient vraiment hors de prix. C'est une catastrophe surtout avec une machine qui consomme autant. Aujourd'hui, il faut se saigner sur autre chose pour pouvoir rouler. » Est-ce qu'il a ou va changer de comportement ? « Pas trop pour l'instant. Je me fais encore plaisir avec ma moto. Je n'ai pas envie d'arrêter de vivre. » Après réflexion, il se demande tout de même s'il gardera encore longtemps un deux roues aussi énergivore.

Pour Céline, mère-célibataire domiciliée à Bourg-des-Comptes, « ça augmente beaucoup trop vite. Je suis obligé de faire trois pleins par mois pour mes déplacements. Ca me revient à près de 150 €. L'essence est devenu un budget supérieur à celui de mes loisirs que je suis donc obligée de limiter. Je n'ai pas le choix ! » Et comme les autres personnes interrogées, elle aussi s'inquiète.

Dans cette station-service sur la rocade, une gérante sort un épais dossier. « Des reconnaissances de factures impayées. Des clients viennent faire le plein et, au moment d'arriver en caisse, expliquent qu'ils ont oublié leur chéquier ou carte bleue. En général ils laissent une pièce d'identité, nous signent une reconnaissance et viendront payer plus tard. » Des cas de plus en plus fréquents.

Source : Ouest-France - Samuel Nohra


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